Société des Amis de la Bibliothèque Forney



AU FIL DES MARQUOIRS
Trésors de Broderie des Pays-Bas 1600-1920



Trésors de Broderie des Pays-Bas


du mercredi 15 mai au samedi 27 juillet 2013 - Bibliothèque Forney

Dossier de Presse
En Vue

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, seules les familles riches pouvaient se permettre de posséder une garde-robe importante et un linge de corps ou de maison diversifié (de table et de lit) alors que les classes les plus basses de la société ne portaient que des vêtements de seconde main. L’ensemble des draps, nappes, serviettes, torchons et couvertures composait le trousseau de la jeune fille qui le marquait à ses initiales. Cette tradition n’était pas seulement dictée par un souci de décoration, car il était essentiel d’identifier le linge de chaque membre de la famille, ou même de chaque famille, lors des grandes lessives communes qui n’avaient lieu que deux fois par an environ.
Joke Visser, une des plus grandes collectionneuses privées de marquoirs anciens, présente ses trésors à la Bibliothèque Forney. Sa collection ne compte pas moins de 750 pièces anciennes provenant principalement des Pays-Bas, de Belgique et naturellement de France. Le plus ancien date de 1680. Elle présente plus de cent marquoirs dans cette exposition, accompagnés de modèles de reprises et de longs rouleaux d’ouvrages de dames cousus bout à bout et poétiquement appelés « souvenir de ma jeunesse ».

En collaboration les spécialistes et historiens du Breda’s Museum (Pays-Bas)

Bibliothèque Forney
Hôtel de Sens 1, rue du Figuier 75004 Paris
Métro : Saint-Paul
Tarifs : 6, 4 et 3 €




PARCOURS DE L’EXPOSITION

Salle 1 - Les Marquoirs


Trésors de Broderie des Pays-Bas

Les marquoirs sont des morceaux d’étoffes ou de canevas sur lesquels les jeunes filles faisaient des exercices au point de croix (ou point de marque), brodant les lettres de l’alphabet et les chiffres, en apprentissage de leur futur rôle de maîtresse de maison.
La couleur de la broderie est le plus souvent rouge, couleur résistante, très visuelle et facile à produire grâce à la garance. Le plus vieux marquoir des Pays-Bas date de 1572 et proviendrait de la Frise (province du Nord).
Mais tout porte à croire que ce marquoir n’est pas le premier à avoir été conçu, puisque l’on estime à une génération le temps nécessaire à l’établissement d’une tradition. Par conséquent, on peut supposer que les premiers marquoirs datent d’environ 1530.
Les motifs le plus souvent représentés peuvent être religieux (la chute d’Adam, le sacrifice d’Abraham, les vierges folles et les vierges sages, l’arbre de vie, le cœur ou le pélican), évoquer la condition humaine (l’escalier de la vie, des scènes de bonheur familial, le bateau des noces, la couronne d’honneur composée de fleurs, la chasse), s’inspirer de l’environnement quotidien (la maison, le moulin, l’église, les meubles, surtout l’armoire à linges !, la charrue) ou de la nature (les fleurs, de la tulipe symbole de virginité à la rose symbole de l’amour ; les animaux, cygnes, paons ou cerfs et, plus familiers, vaches, coqs et écureuils). Sans oublier les allusions à la vie politique (lion néerlandais, vierge hollandaise symbole de liberté, arbre de liberté).




Salle 2 - Les Marquoirs et les linges de reprise


Trésors de Broderie des Pays-Bas

Le plus vieux linge à repriser (morceau d’étoffe sur lequel la fillette s’exerce à l’art subtil des reprises) date de 1694, plus d’un siècle après le premier marquoir. Cela ne veut pas dire pour autant que les linges à repriser n’existaient pas auparavant mais seulement qu’ils n’ont pas été conservés. Ils offrent un aperçu de tous les échantillons de tissus à la mode ainsi que de ceux les plus utilisés à l’époque. On s’entrainait à repriser toutes les matières et tous les supports, (linge de ménage, de table et de corps, les vêtements). Tous présentent une construction plus ou moins identique : au centre, un motif brodé, par exemple une couronne ou un bouquet de fleurs, accompagné d’une marque, des initiales et de la date.
L’intérêt de repriser dans une époque où le textile était tellement cher, est une évidence. Tout ce qui était usé, déchiré ou endommagé, était systématiquement raccommodé plutôt que remplacé. À partir de la moitié du 18e siècle, l’utilisation de la couleur est mieux maîtrisée et les motifs brodés au centre commencent à jouer un rôle essentiel. Quant aux matériaux utilisés, plus on avance dans l’histoire, plus ils sont raffinés : le coton fin remplace peu à peu la grosse toile.





Salle 3 - Le 19ème siècle


Trésors de Broderie des Pays-Bas

Le 19ème siècle est une époque de changements. On le constate également dans le domaine des marquoirs et des linges à repriser : plus qu’une activité quotidienne nécessaire, la broderie et les ouvrages de dames en général deviennent un passe-temps, un divertissement. Les alphabets et les séries de chiffres disparaissent peu à peu des marquoirs et sont remplacés par les motifs des suppléments de magazines féminins de l’époque. Ces patrons étaient souvent coloriés à la main. On les appelait « Berlijnswerk » (modèles de Berlin) du fait qu’ils provenaient initialement de la ville allemande.
Souvent, les motifs sont à caractère romantique. L’usage d’effets de profondeur et de perspective donne naissance à des motifs de plus en plus réalistes, car on aspire à créer des reproductions fidèles. On introduit aussi beaucoup de matériaux nouveaux, comme le canevas et les fils de laine. Ces derniers, teintés à l’aniline, permettent de nouveaux tons vifs ou brillants. C’est ainsi que dans les marquoirs des trente dernières années du 19ème siècle, la broderie se fait dans des couleurs vives, presque fluorescentes : violet dur, rose acidulé et vert tapis de billard !




Salle 4 - Les Souvenirs de ma jeunesse


Trésors de Broderie des Pays-Bas

Dans les pensionnats, on s’initiait aux "ouvrages de dames". Les internats les plus chers enseignaient surtout les ouvrages d’agrément. Les moins chers, souvent pour les filles des classes moyennes, mettaient plutôt l’accent sur les ouvrages utilitaires. À la fin de la formation en travaux manuels, on avait coutume d’attacher tous les ouvrages dans leur longueur . Le résultat était un rouleau d’un à quatorze mètres de long, d’une longueur moyenne de 7 à 8 mètres. Son contenu dépendait évidemment du type de formation. Certains comptaient uniquement des ouvrages d’agrément ou d’utilité, mais des formes intermédiaires étaient également courantes. Le nom le plus neutre pour ces rouleaux était "handwerkrol" ("rouleau de travaux manuels"). On trouve d’autres appellations plus poétiques et nostalgiques telles que "Souvenir de ma jeunesse". Ainsi, pour les vrais amateurs des techniques de broderie, ces « souvenirs de ma jeunesse » sont considérés comme de véritables trésors et quelques-uns sont présentés dans l’exposition.