LES COLLECTIONS SINGULIÈRES
DE LA BIBLIOTHÈQUE FORNEY
par Frédéric Casiot
Article de Frédéric Casiot, (Conservateur général responsable de la Bibliothèque Forney) paru dans la revue BBF (Bulletin des Bibliothèques de France) 2007 - T. 52 n°4
Dès sa fondation en 1886, la Bibliothèque Forney a formé le projet original de rassembler un riche corpus iconographique, à côté des ouvrages et périodiques spécialisés qui constituent traditionnellement un fonds d’étude. Des collections d’affiches, de papiers peints et toiles imprimées, de textiles, de dessins originaux, de maquettes et d’archives, d’ephemera, de catalogues commerciaux et de cartes postales représentent aujourd’hui une grande part de la richesse patrimoniale de la bibliothèque.
Ces collections se singularisent par leur nature certes, mais plus encore par l’objectif qui a présidé à leur rassemblement et déterminé leur cohérence derrière une apparence hétéroclite. La création d’une bibliothèque d’images a été une intention fondatrice des premiers bibliothécaires de Forney. La politique documentaire, au fil des décennies, s’est toujours inscrite autour de cette colonne vertébrale iconographique. Une conjonction de lignes de force se retrouve dans son développement : la création artistique et ses techniques à travers les modèles, les styles, l’ornementation ; l’histoire des produits à travers les arts appliqués ; l’art populaire ; l’art publicitaire ; la recherche sur les contenus iconographiques.
Au contraire d’un établissement à caractère muséographique, toutes ses collections sont libres de consultation. Lorsque les documents sont fragiles ou de dimensions incommodes, les supports de substitution sont utilisés : diapositives et images numériques. Facilité d’accès à tout public, communication rapide, aide personnalisée à la recherche sont les maîtres mots du service iconographique. Il veille en même temps à concilier consultation et conservation en sachant que la numérisation changera la donne.
Autrefois vouée aux artisans d’art, décorateurs et fabricants afin de leur offrir des modèles pour leur apprentissage et leur inspiration, la bibliothèque accueille encore aujourd’hui les créateurs et les designers promoteurs des nouvelles modes ou de la réinterprétation et de la résurgence des modes du passé. Mais il existe bien d’autres publics dont les demandes sont très variées : recherches universitaires dans de nombreux domaines tels que l’iconographie, les sciences de l’image et de la communication, le graphisme, l’histoire du commerce et de la publicité, l’histoire de l’imprimerie ; emprunt de documents pour des expositions extérieures ; reproductions pour publications par le service photographique ; recherches érudites d’experts et de collectionneurs.
Les ephemera
Cette collection peut surprendre par sa variété. Un essai de typologie récent fait état de plus de 50 catégories différentes d’ephemera dans ce fonds : à l’intérieur de ces catégories, on peut citer au hasard étiquettes, emballages, factures, chromos, buvards, éventails, cartes commerciales, feuillets publicitaires, faire-part, cartons d’invitation, images pieuses, bons points, images d’Épinal, papier cadeau, couronnes de galette des Rois. Les ephemera conservés à Forney sont tous les petits documents publicitaires, les imageries populaires, les modestes témoins graphiques de la vie quotidienne, devenus rares car considérés sans intérêt et sans valeur jusqu’à une époque récente, documents à diffusion gratuite ou accompagnant des produits usuels de consommation et par essence jetables. Le document doit se présenter comme un objet à deux dimensions. l n’y a que quelques exceptions à cette règle : quelques couvercles et boîtes remarquables par leur iconographie et leur impression.
Si le caractère populaire de l’imagerie et le poids de nostalgie de ces documents rescapés de la vie quotidienne peuvent attirer un public en quête de ses traditions, sa valeur historique n’échappe pas aux chercheurs. Ces ephemera renseignent les historiens sur l’évolution du graphisme et de la publicité, et, au-delà, éclairent les goûts et les mœurs de chaque époque. De même l’histoire des marques commerciales s’appuie sur ces indispensables témoins.
Les étiquettes forment l’un des versants les plus riches de la collection. La bibliothèque possède un ensemble unique d’étiquettes de fil chromolithographiées à côté des étiquettes de parfums, d’alcool ou de fromages plus connus. En 2002, l’exposition "Questions d’étiquette" a mis en valeur la beauté de ces documents.
La collection d’ephemera s’est constituée tout au long du XXe siècle par des dons successifs et n’a connu une véritable exhumation qu’au début des années 1980 où l’on décida d’exploiter systématiquement cette accumulation devenue précieuse. En même temps qu’étaient traités les documents anciens, on décidait de conserver les documents plus contemporains collectés gratuitement, d’acheter d’autres pièces anciennes, y compris des documents des années 1950-1970.
Les achats se font auprès de libraires d’antiquaria spécialisés dans l’imagerie, dans les salons de vieux papier mais surtout auprès de ollectionneurs privés. Des acquisitions importantes ont été effectuées lors de la dispersion en vente publique des archives d’imprimeurs de documents publicitaires (Tolmer, Draeger) ou auprès de détenteurs d’archives familiales.
Le bouche à oreille est primordial pour intéresser de potentiels vendeurs mais aussi attirer les nombreux collecteurs bénévoles qui, par leurs dons aussi nombreux que divers, permettent d’enrichir quasi au quotidien le fonds des ephemera. La présentation des collections lors des expositions thématiques, l’édition de cartes postales par la Société des Amis de la Bibliothèque Forney et de catalogues illustrés fidélisent un public amateur d’ephemera pour lequel Forney devient un point de ralliement.
L’imagerie a ceci de particulier qu’elle doit être triée et classée pour devenir une unité bibliographique cohérente et pouvoir être ainsi identifiée, cataloguée, conditionnée et enfin communiquée. Le nombre, la diversité et la fragilité des supports (nombreux types d’impression sur une grande variété de papiers, de cartons, découpages), leur état de conservation précaire imposent un traitement matériel méticuleux. Il faut les protéger du vieillissement mais aussi de la manipulation des lecteurs. En général, on programme les traitements par séries : plusieurs centaines de menus à la fois, un ensemble de documents provenant d’un même imprimeur, un groupement de planches de jeux destinées à l’entoilage, la collection de protège-cahiers, la collection de papiers de sucre. Les recueils factices ou les albums constitués sont catalogués et font l’objet d’un dépouillement par sujet, marque, imprimeur et autres accès.
Pour la conservation, on privilégie une mise sous pochettes en mylar (fibre polyester) adaptées aux divers formats et rangées dans des onditionnements neutres : classeurs ou boîtes, achetés ou fabriqués sur place par l’atelier de reliure. Les classeurs permettent un classement par thème, produit ou marque, une consultation facile par ses feuillets transparents et une protection maximale. Un aspect particulièrement délicat du traitement peut être le décollage des images avant leur reconditionnement. Ce traitement long et coûteux est réservé en priorité aux documents les plus précieux et fragiles : chromolithographies, découpages, dessins originaux par exemple. Les documents de type "imprimé" et les albums sont conditionnés dans des étuis fabriqués sur mesure.
Les papiers peints
La collection de papiers peints doit sa constitution à Henri Clouzot, l’un des grands historiens du papier peint, qui fut conservateur de 1908 à 1920 avant de rejoindre le musée Galliera. Il rassembla autour de lui des personnalités remarquables des arts industriels, créa la Société des amis de la bibliothèque en 1914 et imagina la création d’un "musée d’échantillons". Gabriel Henriot qui lui succéda jusqu’en 1940 continua son œuvre de collecte et c’est ainsi que se dessina le projet inabouti de création d’un "Office de documentation et d’information artistique et industrielle" autour de la bibliothèque et de sa collection de papiers peints. Le dernier grand don a été celui des maquettes de la manufacture Isidore Leroy en 1969. Depuis
les années 1980, de nombreuses pièces ont été acquises lors de ventes publiques dispersant des archives de grands fabricants. Ce fonds historique pour la bibliothèque continue ainsi de s’enrichir. Après celui du musée des Arts décoratifs et du musée de Rixheim, il est l’un des plus importants de France.
Aujourd’hui, la collection compte 8 441 papiers peints inventoriés. Cependant, un travail plus approfondi de catalogage, d’identification et de datation est nécessaire pour beaucoup de ces pièces. En outre, des milliers de papiers et dessins originaux de la manufacture Follot des années d’après-guerre et de la manufacture Leroy ainsi que des liasses d’échantillons sont encore à traiter. Aujourd’hui, ces pièces sont déjà devenues historiques.
Ces chiffres montrent la difficulté à traiter un document relativement muet hormis l’image représentée, laquelle exigera une indexation fine. Échantillons, dominos, panoramiques se côtoient, reflétant tous les styles de l’histoire du papier peint : du XVIIIe siècle avec la Manufacture royale de Jean-Baptiste Réveillon, au XIXe siècle avec les manufactures Desfossés, Dufour et Leroy ; de l’art nouveau à l’art déco, avec Hector Guimard, l’atelier Martine de Paul Poiret, Ruhlmann, les ateliers des grands Magasins comme Primavera ; des rééditions du XXe au style avant-gardiste de l’après-guerre et jusqu’aux années 1980. Les motifs sont dessinés souvent par de grands artistes comme Ruepp, Mucha, Verneuil, Laboureur.
S’y ajoute l’importante série de maquettes originales des deux grandes manufactures déjà citées, les sociétés Leroy et Follot, qui couvre l’ensemble du XXe siècle.
Tous ces documents sont conservés le plus souvent possible à plat mais aussi roulés faute de place. Il est souvent nécessaire de procéder à des restaurations. Les papiers sont des documents fragiles qui étaient dénués au départ d’un caractère précieux. Les gestes de restauration sont multiples : dépoussiérage, nettoyage, désinfection (moisissures, insectes), effacement des traces de colle, consolidation ou comblement des lacunes, doublage des pièces fragiles l’entoilage ne s’appliquant qu’à des documents en bon état. Elles doivent être effectuées par des restaurateurs spécialisés.
Les toiles imprimées
Un petit fonds, mais très représentatif, de toiles imprimées, allant de 1730 à 1850, a beaucoup bénéficié des premières collectes d’Henri Clouzot. Quelques achats sont encore effectués lors de ventes publiques. On compte aujourd’hui 421 toiles en provenance de la manufacture Oberkampf de Jouy, la plus célèbre, mais aussi de celles de Nantes, Mulhouse, Rouen, etc.
Comme pour les papiers peints, c’est toute la gamme des représentations iconographiques de plus d’un siècle que leurs décors nous offrent : mythologie, allégories, exotisme, goût champêtre mais aussi scènes de la vie quotidienne et évocations de grands événements.
Les textiles et tissus
Cette collection rassemble des échantillons de textiles et tissus (cotonnades, cachemires, soieries), de fils, de dentelles, de broderies, des dessins préparatoires et maquettes gouachées de tissus, de tapisseries et tapis, des manuscrits de tissage. Elle comprend à la fois les tissus d’ameublement et les tissus d’habillement.
On retrouvera ailleurs la présence des textiles : dans les étiquettes tissées, les menus en tissu, les traités de teinture (fonds des imprimés) ou les catalogues de maisons de textiles (fonds des catalogues commerciaux) qui comprennent souvent des échantillons.
Ce fonds documente tous les styles et tous les types de tissus. Les albums d’échantillons s’étendent du XVIIIe siècle aux années 1970. La bibliothèque possède un splendide manuscrit de 1766 d’un marchand de draps du Piémont, le signor Moccafi qui présente des échantillons collectés en France, Angleterre et Hollande ; les volumes de documents de travail de Victor Poterlet, ornemaniste du XIXe siècle, composés de dessins originaux et d’échantillons ; des volumes d’impressions sur velours d’Alphonse Mucha ; des pièces de Paul Iribe et d’Éric Bagge.
Ces tissus sont conservés en emboîtage ou classeurs ou encore rangés à plat dans des tiroirs selon leur taille, avec une protection neutre en mylar. Ils connaissent des problèmes spécifiques de conservation : épingles et agrafes provoquant rouille et déchirures ; présence éventuelle de mites.
En 2004, la bibliothèque a pu réunir les plus belles pièces de ces trois collections, papiers peints, toiles et textiles dans le cadre de l’exposition « Le bon motif », montrant ainsi la continuité entre ces fonds et mettant en relief la valeur documentaire de l’échantillon.
Les affiches
La collection d’affiches, démarrée elle aussi dès l’ouverture, a connu une période de pause après le départ d’Henri Clouzot pour être reprise dans les années 1960 et connaître un fort dynamisme grâce à l’action d’Anne-Claude Lelieur, de 1971 à 2004. Elle compte aujourd’hui plus de trente mille documents catalogués, plusieurs milliers d’affiches non traitées et se situe au meilleur rang des collections françaises après la BnF et le musée de la Publicité. Sa particularité est de mettre particulièrement en valeur les affichistes de la seconde moitié du siècle dernier. Les créateurs suisses et polonais sont également bien documentés.
À côté des grands maîtres de l’affiche comme Chéret, Grasset, Toulouse-Lautrec, Cappiello, Mucha et, plus près de nous, Colin, Gruau, Savignac, Villemot, la collection réunit les corpus d’artistes moins connus pour lesquels des donations importantes ont été reçues et des rétrospectives organisées. En même temps, des catalogues raisonnés ont été réalisés dans le cadre de la collection "Affichistes", dont treize titres sont déjà parus.
Toutes les catégories sont représentées : produits, cinéma, théâtre et autres spectacles, sports, événements (foires, journées, etc.), tourisme et
voyages, et, marginalement, thèmes non commerciaux (politiques, causes humanitaires, etc.). L’affiche vantant les produits est prédominante, illustrant l’un des axes majeurs de la bibliothèque.
La collection s’enrichit très régulièrement par des achats auprès des collectionneurs et des marchands et en ventes publiques.
Une fois cataloguées et indexées, les affiches sont envoyées à l’entoilage ou conservées en l’état selon leur importance. Les affiches entoilées sont systématiquement photographiées et conservées dans une annexe de la bibliothèque, dans des meubles à plan ou en rouleaux couchés. Les affiches non entoilées sont conservées pour beaucoup à la bibliothèque en attendant la reprise éventuelle de leur traitement. La communication se fait exclusivement à partir des diapositives qui céderont peu à peu la place aux fichiers numériques.
Les affiches font l’objet de nombreux prêts extérieurs et de reproductions photographiques pour l’édition.
Les catalogues commerciaux
Ce terme désigne les catalogues publiés par des fabricants ou détaillants pour faire connaître et vendre leurs marchandises. Ce mode de diffusion se développe surtout à partir du milieu du XIXe siècle avec la production en masse d’articles manufacturés très variés. Les magasins de nouveautés y ont recours pour faire connaître et promouvoir leurs produits. Le commerce s’appuie sur cet élément publicitaire indispensable et les grands magasins parisiens participent à l’invention d’un modèle de catalogue qui aura une longue postérité.
Il en existe deux familles : les catalogues des fabricants, de l’atelier de luxe à la grande manufacture, et ceux des distributeurs, détaillants spécialisés, grands magasins et vente par correspondance (dont l’archétype est Manufrance *, fondé un an avant Forney).
Ces documents trouvent tout naturellement leur place dans une bibliothèque accordant une large place à l’art graphique et publicitaire. Ils dressent le décor d’une époque et révèlent le génie inventif de deux siècles de production d’objets. La bibliothèque conserve de préférence les catalogues qui complètent la documentation sur les produits et les styles mais également ceux qui sont remarquables par leur présentation : typographie, llustration, impression. À côté de gros volumes très illustrés ou de simples plaquettes et listes de prix, certains sont en effet des chefsd’œuvre de l’art du livre dont la cote est élevée sur le marché de la bibliophilie. Parallèlement à la production destinée à un vaste public, une édition de plaquettes de luxe s’est développée. Les maroquiniers, les couturiers, les parfumeurs, les constructeurs automobiles, pour s’adresser à une élite de consommateurs, font appel aux talents d’illustrateurs remarquables, de grands imprimeurs et typographes, d’écrivains renommés.
La catégorie des « grands magasins » est l’une des plus consultées. Outre tous les classiques du XIXe et du XXe comme ceux du Bon Marché, du Louvre et de la Samaritaine, la bibliothèque possède les catalogues des ateliers d’art créés par les grands magasins dans les années 1920 autour du succès de l’exposition des Arts décoratifs de 1925. La Maîtrise pour les Galeries Lafayette, Primavera pour le Printemps, Pomone pour le Bon Marché fabriquent et diffusent des meubles et des objets dus aux meilleurs designers de l’époque. Dans les années 1960, le catalogue Prisunic participe à l’émergence d’un concept de design populaire.
La communication est volontairement personnalisée. Les bibliothécaires reçoivent les lecteurs, orientent, proposent des références. En effet, ces catalogues ne sont pas systématiquement indexés à la pièce et les fichiers (noms de firmes, illustrateurs, matières) ne seront pas dans l’immédiat rétroconvertis. On s’interroge encore sur la manière de traiter ces documents dans le cadre du catalogue informatisé. Une description EAD (Encoded Archival Description) est envisagée. Une base de données, en interne, existe pour les grands magasins.
Les cartes postales
À l’origine plus modeste et constitué par des dons successifs, le fonds de cartes postales prit son essor à partir d’un dépôt du Touring Club de France, réalisé en 1965 lors de l’installation dans l’Hôtel de Sens. On en comptait alors près de trois cent mille, le nombre en fut doublé et elles sont aujourd’hui largement plus d’un million. Sans prétendre à l’exhaustivité, la collection comprend les cartes de toutes époques et de toutes origines. Un classement par thème, toutes cartes confondues, complète le classement géographique qui sépare les « anciennes » des « modernes ». Des albums conservent les plus précieuses. Outre les acquisitions, ce fonds s’est accru longtemps grâce au reversement partiel du dépôt légal. Il bénéficie aussi de dons nombreux et de legs souvent d’un grand intérêt.
Les cartes postales sont consultées régulièrement par les collectionneurs ; elles sont aussi le reflet exact et précis de tous les aspects de la vie quotidienne et de son décor depuis la fin du XIXe siècle et sont devenues une source de documentation inépuisable. Une particularité de ce fonds est de n’être signalé par aucun fichier, il est ainsi présenté directement en albums ou en tiroirs, à la demande précise des lecteurs.
Le portail multimédia
Les fichiers papier de la réserve iconographique (albums divers, recueils factices d’ephemera), des affiches, des papiers peints et des toiles
devraient être rétroconvertis en 2007 et consultables sur le portail multimédia des bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (BiblioMondo – INEO Media System) qui fédérera une recherche multisupport avec un accès direct aux images.
Reste l’épineux problème de l’indexation des images. Au-delà de Rameau et de nos vedettes « maison », les bibliothécaires souhaiteraient intégrer des descripteurs iconographiques, plus-value indispensable pour ces fonds. L’adoption d’un thésaurus iconographique est un chantier à ouvrir comme par ailleurs la description de type EAD.
Dans cette perspective, la bibliothèque souhaite développer son programme de numérisation. Celui-ci a été commencé par la numérisation des toiles imprimées et d’un millier de papiers peints, à partir des diapositives existantes ou de nouveaux clichés. Il ne sera pas question de numériser en totalité les centaines de milliers d’images que conserve la bibliothèque, comme il faudra éviter l’écueil de l’imagerie pittoresque. Un choix significatif de nos collections sera nécessaire et se fera en relation avec le catalogue multimédia du réseau des bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris.
Quatre fonctions sont assignées à ce programme : illustrer le catalogue informatisé ; se substituer aux diapositives pour les documents non communicables directement ; assurer une conservation préventive ; fournir des reproductions aux partenaires.
Trois modes existent actuellement et dureront sans doute le temps que la technologie impose de nouveaux procédés. La photographie numérique s’est substituée à la technique argentique : prise de vue verticale pour les affiches, les papiers peints de grande dimension et prise horizontale sur banc de reproduction pour les petits formats comme les planches d’étiquettes. Une numérisation ponctuelle est réalisée à partir des diapositives chez un prestataire extérieur pour des utilisations diverses, comme la préparation des expositions ou la communication. Enfin, des campagnes de numérisation sont prévues dans le cadre de la construction du catalogue multimédia, selon une programmation pluriannuelle ciblant des corpus significatifs.
Ainsi, bien singulières sont ces collections qui donnent une seconde vie à des documents au devenir précaire, vite dédaignés, vite remplacés, arrachés ou jetés dans la corbeille à papier et qui, progressivement, construisent un riche patrimoine, fruit d’une politique documentaire originale et d’un travail patient et méticuleux.
Le catalogue multimédia devrait leur assurer une plus large audience. En les associant au fonds des imprimés, sorte de grande bibliothèque illustrée, et dans une perspective ouverte sur la création graphique contemporaine, il donnera mieux encore à Forney sa dimension de bibliothèque d’images.
Avril 2007