EXPOSITION KIMONOS D'ENFANTS 1860-1930
Collection de Kazuko Nakano
Du 24 avril 2012 au 28 juillet 2012
Communiqué de Presse
En Vue
Le Japon, un pays où la culture vestimentaire occupe une place très importante et atteint un raffinement extrême, a depuis des millénaires montré un goût particulier pour les vêtements d’enfants.
À une époque où la vie d'un enfant était parfois brève, les familles, et en premier lieu les mères, transmettaient tout leur soin et leur coeur aux enfants à travers des vêtements qu'elles commandaient ou qu'elles confectionnaient de leurs propres mains. La Bibliothèque Forney présente ainsi plus de Cent kimonos issus de la collection de Kazuko Nakano. il s'agit de la première exposition en france rassemblant autant de kimonos pour enfants rares et précieux, retraçant ainsi la grande époque d'un art vestimentaire subtil et porteur de sens.
UN VÊTEMENT QUI A DU SENS
Le terme "kimono" est en réalité une abréviation de kirumono. Kiru est le verbe japonais qui signifie "porter un vêtement", et mono signifie littéralement "une chose". Ainsi, ki(ru)mono,
contracté en kimono, désigne simplement "une chose que l’on porte".
Les motifs peints, teints ou brodés sur ces kimonos sont riches en significations : ils représentent les vœux de santé, les prières pour la force, la gentillesse, l’intelligence, la prospérité ou encore la beauté. Les motifs typiques des kimonos d’enfants sont ainsi des tortues, des grues, des bambous, des pins ou des chrysanthèmes, autant de symboles pour ces qualités.
La collectionneuse,Kazuko Nakano, possède plusieurs centaines de kimonos d’enfants, de la fin de la période Edo (1860) au début du XXème siècle.
|
|
UNE COLLECTION UNIQUE
Kazuko Nakano est née en 1935 dans le quartier d’Ayukai dans la ville de Shirataka. Après ses études au lycée, elle a voulu apprendre la couture à l’européenne; mais a finalement décidé d’apprendre la couture traditionnelle japonaise. Elle a commencé sa collection de kimonos d’enfants il y a une vingtaine d’années, par l’acquisition de vieux tissus de kimonos nécessaires pour confectionner les habits de poupées ichimatsu (collection qu’elle a débutée en réaction à la perte de sa mère).
De plus en plus passionnée par la collection des tissus, elle fréquentait sans relâche les marchés aux puces et finit par obtenir le titre de "marchand d’objets d’art ancien". Un jour, alors qu'elle venait d'acheter des kimonos aux enchères, on lui dit que c'était dommage de les découper en petits morceaux. Elle ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment de culpabilité. Cela la conduisit à acheter toutes sortes d'objets pour enfants alors qu'elle s'était contentée jusque-là de rassembler des tissus. Cela devint rapidement une collection volumineuse. Aujourd’hui, tout le monde la reconnaît comme étant La Collectionneuse de kimonos d’enfants.
|
|
LES SYMBOLES
Les kimonos de fête pour enfants que Kazuko Nakano a réunis sont, en grande majorité, ornés de motifs porte-bonheur comme l’association des motifs de pins, de bambous et de fleurs de prunier (shôchiku-bai), ou de motifs de grues et de tortues (tsuru-kame). Ces motifs exprimaient les vœux des parents qui souhaitaient sincèrement que leurs enfants puissent naître et survivre sains et saufs dans une époque où beaucoup d’enfants perdaientla vie à cause de la maladie, de la malnutrition ou de la pauvreté. Les motifs sur le thème de la nature comme ceux que l’on voit sur les kimonos d’adultes sont également nombreux.
Les motifs de papillons, symboles de longévité, sont venus au Japon depuis la Chine. À partir de l’époque de Nara (710-784 ), on créa diverses sortes de motifs avec des papillons ; ceux-ci étaient un symbole de la résurrection et de l’immortalité. Les images de papillons étaient appréciées pour les kimonos des petites filles. Le pin, arbre à feuilles persistantes est souvent représenté comme symbole de porte-bonheur.
Les canards mandarins symbolisent la fidélité et l’unité du couple comme cela apparaît dans l’expression "En-ô no chigir" (l’union des époux inséparables comme les canards mandarins). Ils sont toujours représentés par couples. Les images de vagues violentes, présentes dans les motifs aranami-mon (vagues agitées),tatsunami-mon (vagues déchaînées) ou hatô-mon (hautes vagues) symbolisent l’esprit belliqueux. Ces motifs étaient appréciés dès l'époque d’Edo (1603-1867).
Quant aux grues, on pensait qu’elles vivaient jusqu’à mille ans ; elles sont utilisées comme symbole de longévité.
|
|
AUJOURD'HUI
De part et d’autre des frontières du pays, le kimono continue à exister dans la conscience culturelle contemporaine comme un symbole du Japon traditionnel. Pourtant, l’héritage
du kimono semble aujourd’hui en péril car les jeunes générations de Japonais possèdent une connaissance restreinte et une pratique limitée de l’usage du kimono. Bien qu’on le
porte encore à l’occasion de cérémonies, comme la première visite au temple du nouveauné, les célébrations de l’entrée dans l’âge adulte ou encore les mariages, le kimono a pratiquement disparu de la vie quotidienne des Japonais.
Préservé de générations en générations, c’est le plus souvent comme pièce de musée, comme article d’antiquaire sur les marchés des temples, ou comme objet de famille figurant dans le précieux héritage d’une grand-mère, que l’on trouve de nos jours le kimono.
À l’heure où les vêtements sont devenus des cibles commerciales, ces kimonos chargés de signes, dans lesquels les mères japonaises ont mis tout leur amour et leurs espoirs, nous invitent à réfléchir sur une tradition qui est en train de disparaître.
Japan, a country in which sartorial culture occupies a very important place and reaches the height of elegance, has for many millennia born witness to a distinctive taste for children’s clothing. Certain children’s kimonos from the 16th and 17th centuries, most certainly designed to be worn by children of noble families and preserved nowadays in Shinto and Buddhist temples, encapsulate this strong attachment.
At a time when the life of a child was often short lived, families, and especially mothers, would transmit all of their care and love to their children through the clothing they had made for them, or that they themselves made by hand.
The Bibliothèque Forney presents more than a hundred children’s kimonos from the Kazuko Nakano Collection. It is the first exhibition in France which shows ancient and precious kimonos for children and which retraces the highest stage of the sartorial culture of Japan.
Retrouvez le catalogue de l'expo