Société des Amis de la Bibliothèque Forney



EXPOSITION COIFFES ET COSTUMES TURCS
11 février au 18 mars 1971






Exposition Coiffes et costumes turcs






Photographie des Nouvelles Littéraires Février 1971)

Les Nouvelles littéraires
18 février 1971
Costumes nationaux turcs, Une efflorescence de robes

Sauvés par un enfant

C'est une assez extraordinaire exposition qui se tient actuellement à l'Hôtel de Sens. Les coiffes et costumes présentés là sont mal connus et n'ont pas encore acquis, parmi les richesses ethnographiques de la Turquie, la place qui leur est due.
Sans doute n'en aurions-nous jamais rien su sans la persévérance d'une petite fille d'un village d'Anatolie, Sabiha Tansug, qui parcourt depuis dix ans, sans relâche, des régions à l'écart des grands courants touristiques, régions où parvient difficilement la Jeep et quelquefois seulement l'âne.

- L'Anatolie ? Sabiha Tansug en a plein le regard, plein la voix, plein le cœur. L'Anatolie c'est toute la Turquie d'Asie mineure, du Bosphore au Caucase, un pays qui fut à la pointe des arts et des civilisations aujourd'hui essaimées. Les paysannes élevaient des vers a soie, des moutons, les paysans cultivaient le coton. D'où la richesse des costumes entièrement sortis de leurs mains : culture, filature, tissage, suivis des travaux de broderie, passementerie et de leur ornementation : médailles et pièces d'argent. Cet artisanat, remarquablement habile, était doué d'un sens artistique allant des matières à leur agencement et à leurs couleurs. Travaux précieux pour l'ethnologue car chaque région a ses costumes, chaque coiffe raconte une histoire, une légende, une tradition. Ces pièces sont la base d'un véritable musée de folklore turc dans une floraison de robes, de voiles, de coiffes, de pantalons, de bottes et de talismans variés contre le mauvais œil.

Tout cela heureusement sauvé par Sabiha Tansug date de l'époque qui, du XVIIIe au XXe siècle, a précédé l'âge du nylon, ce nylon à partir duquel aucune forme d'art n'a plus poussé dans ce domaine.

Claude Salvy








Revue Française des Bijoutiers Horlogers



Folklore Coiffes Costumes Turcs

Photographie Revue Française des Bijoutiers-Horlogers, 1971

La très belle collection de costumes et coiffes turcs de Mme Sabiha Tansug exposée dans les salles de l'Hôtel de Sens, par la Société des Amis de la Bibliothèque Forney, nous a donné le désir et l'occasion de chercher de plus amples détails sur le folklore et l'art vestimentaire de la Turquie.

Grâce à son travail et à sa persévérance, Sabiha Tansug peut donner à son pays un des plus beaux musées du costume, probablement même le plus important. La centaine de costumes exposés et un nombre bien plus important de coiffes, de plus de trente régions de Turquie, représentent seulement un quart de la collection de cette femme passionnée par les réalisations vestimentaires de son pays depuis des générations. Petite fille dans son village d'Anatolie, elle découvrait les détails des coiffes et des costumes ainsi que la signification du changement des couleurs et des accessoires. Le désir de comprendre est devenu passion et a débordé son petit village, depuis environ dix ans ce sont des centaines de kilomètres qu'elle a parcouru dans son pays, allant de région en région, pour faire sortir des malles et des armoires les vêtements des aïeules.
Ses découvertes l'ont enthousiasmée au point de lui donner le désir de réunir le plus grand nombre de tissus, de vêtements et d'objets pour les faire admirer dans un musée et surtout pour éviter la disparition de ce patrimoine. L'histoire des costumes de son pays n'a plus de secret pour elle.

Le sujet est passionnant; les costumes et les coiffes ont tous une signification sociale et psychologique, créations artisanales et artistiques du peuple, depuis le tissage jusqu'à l'ornementation ainsi que la manière de les porter, tout est pris en considération, le costume a son langage. Dès l'âge de six ans la petite fille s'occupe de son habillement, au moment de son mariage elle exposera sa garde-robe et son costume de mariée correspondra à sa région. Si la jeune fille est de Türkmen elle portera sur la tête un bonnet tissé le "ternik" dont la partie descendant sur le front est ornée de deux rangs de pièces d'argent les "marçul", ce bonnet est entouré de tissu de soie rouge et vert les "alli yaglik" symbole de la coiffe de mariée des femmes Türkmen, en-dessous sur la tête même sera posé le voile blanc.
De chaque côté de la coiffe sont accrochés les talismans contre le mauvais œil les "nazarlik, ils sont ornés de pierres bleues et rouges, à leur extrémité on attache des clous de girofle, c'est le parfum éternel de ces dames !

Photographie Revue Française des Bijoutiers-Horlogers, 1971

Sur le front, près du sourcil gauche sont accrochés d'autres porte-bonheur sous forme de petites pierres les "top. Une chaîne accrochée des deux côtés de la coiffe serre le menton, c'est le "tomaka" symbole du mariage et en même temps talisman protégeant la mariée de la foudre. Des chaînes plus longues s'accrochent sur les côtés se croisent plusieurs fois et vont tomber dans le dos, en général elles sont en argent. Dans la région égéenne le voile est de couleur jaune, en partie orné de paillettes. Un tissu triangulaire de couleur jaune safran bordé de drap bleu l' "abani" est placé sous le voile, ses deux extrémités sont ornés de pierres de couleurs et de pièces d'argent, parmi ces dernières se place un talisman de forme ronde fait en moelle d'arbre ; sur l' "abani" sont rangées cinq grandes pièces d'argent et par-dessus tout on pose un voile rouge bordé de paillettes le "çelme. Le costume même semble moins compliqué, aux jambes des bas tricotés main et ornés de broderies, aux pieds des bottes en cuir jaune ou des sabots de cuir les "çarík", des pantaIons bouffants le "chalvar, la chemise tissée à la main descend par-dessus. Une écharpe de soie rouge ou verte se noue au cou au moyen de deux cordons, deux autres cordons passent sous la poitrine et se nouent dans le dos. La mariée revêt ensuite la robe traditionnelle à trois pans "üe etek", à la taille une large ceinture en cachemire, par-dessus une autre ceinture le "kolan" qui a plus de trois mètres de long et s'enroule plusieurs fois autour de la taille, tissé à la main il est décoré de belles broderies à dessins traditionnels, de fleurs faites de perles la plupart bleues et une unique pièce en cuivre, les deux pans sont terminés par des franges de sept couleurs mêlées de pierres bleues et tombent dans le dos. Le costume de la mariée Türkmen est aussi riche derrière que devant.

Les variations sont innombrables même dans une région. En outre des différences interviennent selon l'âge, par exemple le costume "Yörük de la région de Milas dont la coiffe est décorée de pièces d'or et ornée de fleurs fraîches, le "çeki", bande sur le front, est de couleur violette pour la jeune fille, "sang de lapin" pour la jeune femme et rouge pour celles qui ont plus de quarante ans. Dans la région d'Ezine la femme est voilée, le haut du costume et la coiffe sont paillettes. À Canakkale le fichu de tête est orné de fleurs de nacre et de petites pierres.

Photographie Revue Française des Bijoutiers-Horlogers, 1971

La coiffe des femmes de Bodrum est garnie de plumes de paon. Au centre de l'Anatolie, dans la curieuse région de Cappadoce, patrie des villages et églises rupestres, dans un décor de roches blanches creusées et habitées, les femmes portent toujours le costume de leurs ancêtres, le pantalon bouffant le "chalvar" souvent recouverts de jupons aux teintes éclatantes, leurs fichus de tête blancs noués defaçon à voiler leurs visages. Dans la province de Sakarya, région de la Marmara, se trouve Sapanca avec son lac, village célèbre par ses vergers où la cueillette des cerises est un émerveillement, les jupes, boléros et petits calots des jeunes filles sont exactement du même rouge que les fruits qu'ellescueillent. Les voyageurs connaissant la Turquie ont certainement admiré les costumes aux couleurs éclatantes du Mehter (fanfare ottomane militaire), ils ont sans doute remarqué que les musulmans ne portaient pas de coiffures à visière, car pour leurs prières ils doivent se prosterner et mettre le front à terre.

Les tissages sont parmi les plus somptueuses créations humaines, les vitrines de l'Hôtel de Sens en contenaient de merveilleux de la collection de Sabiha Tansug, parmi les accessoires qu'elle a rassemblé se trouvait un grand nombre de bijoux rustiques et naïf, des colliers, des boucles d'oreilles, des bijoux a pendeloques en argent surtout, parfois garnis de pierres de couleurs, de corail, de nacre. Des pièces de monnaie en grand nombre ainsi que des coquillages. Des colliers, genre colliers de chien, ornés de perles de couleurs et de perles blanches en pendeloques. La vitrine des ceintures "uçkur est très riche, tissage multicolore avec de grosses boucles en argent garnies de gros cabochons de pierre de couleur. De ravissants voiles de mariée "duvak tissés de fils d'or et d'argent et des oya fichu de tête à décoration florale.

La Turquie, avec ses trente millions d'habitants, est très riche dans le domaine folklorique, le don créateur de la femme turque révèle une véritable culture des coiffes et une civilisation des costumes. La mode nouvelle s'inspire de ce que fut et demeure le costume traditionnel des paysannes turques.
Paule Margant






Le Figaro – 9 février 1971

Coiffes et costumes turcs à travers les âges

Photographie Le Figaro, 1971









Une exposition de coiffes et de costumes anciens de femmes turques se tiendra à partir de main jusqu'au 10 mars prochain, à l'Hôtel de Sens, sous l'égide de la Société des Amis de la Bibliothèque Forney et du Comité France-Turquie.

Cette collection est celle constituée minutieusement depuis plusieurs années par Mme Sabiha Tansug, une Anatolienne qui a réuni une soixantaine de pièces représentant une expression poétique des campagnes turques.














Photographie L'Aurore, 1971

L'Aurore - 10 février 1971

UN TOPKAPI L'HÔTEL DE SENS
L'hôtel de Sens accueille à partir d'aujourd'hui une exposition rarissime : la collection privée de Mme Sahiba Tansug, une ethnologue turque à qui nous devons la restauration du café de Pierre Loti à Istanbul.

Comme une magicienne, elle a tiré de sept grandes malles de quoi habiller une soixantaine de mannequins et garnir d'objets précieux les vitrines de trois salles.
Le problème a été de trouver, en location, les femmes de cire capables de porter, avec dignité, les costumes traditionnels que Mme Tansug a mis dix ans à réunir à travers les villages perdus des montagnes d'Anatolie. On ne trouvait à Paris que le genre minette: prêtes à porter, le mini-short et, aux dernières nouvelles, on cherchait encore le bébé à glisser dans le sac à dos de l'une d'elles.

On dut faire appel à un maquilleur spécialisé pour donner à ces aimées improvisées un œil langoureux plus dans la note locale.
Heureux pays où l'on ne changeait pas de longueur de jupe deux fois par an, et où chaque accessoire porté démontrait d'un seul coup d'œil à quel genre de femme on avait affaire. Etait-elle promise, mariée ou veuve ? Songeait-elle à se remarier ? Avait-elle des enfants filles ou garçons ? ou ne pouvait-elle en avoir ? Son fils était-il au régiment, son mari infidèle ? Sa seule toque et ses ornements de plumes, de fleurs, de graines, de coquillages, de monnaie, etc., ou le voile qu'elle portait, répondaient aux questions les plus indiscrètes.

Son costume, tissé à la main, était réversible et, selon son humeur et les conditions atmosphériques, elle le portait du côté gai ou du côté triste.
Et ce qu'elle n'avait pas avoué, la lecture de ses chaussettes – entièrement codées - ou celle de l'oya (une fine dentelle multicolore faite aux aiguilles) finissait de vous éclairersur sa vie privée. Joyeusement vert ce dernier annonçait un bon mari; s'il dessinait dans sa trame des poivrons rouges, elle avait épousé un butor... Certaines, particulièrement coquettes, changeaient les dessins de l'oya selon les fleurs du mois en cours.

Dans la province de Sivas les jeunes mariées coiffaient, en guise de couronne, une coque à quatre miroirs. Ceux-ci présentaient divers avantages. D'abord, celui de renvoyer, aux quatre points cardinaux, les rayons néfastes du "mauvais œil". Ensuite, en franchissant le seuil du nouveau foyer, d'y apporter la lumière. Mais surtout celui d'éblouir et d'aveugler les suborneurs en puissance qui se risqueraient autour de la jeune épousée.

"C'est notre première exposition, dit M. Tansug, qui sert d'interprète dans le ménage. En Turquie nous n'avons même pas de musée. Là-bas on ne s'intéresse au Topkapi que parce qu`il recèle des objets provenant des anciens palais. Or, chez nous, c'est le peuple qui a vraiment le sens de la création poétique, les seigneurs se sont contentés de suivre en employant des matériaux plus couteux.
Notre situation, soupire notre guide, est celle de cet officier chargé de prendre un piton d'assaut et qui crie à ses troupes "avanti" en s'élançant le premier. Mais derrière personne ne bouge et les soldats se contentent de l'applaudir très fort. Nous, on nous applaudit beaucoup aussi, mais personne ne nous aide.
La décision du gouvernement turc de nous envoyer ici est son premier geste généreux. Si les Parisiens nous suivent, nous ne désespérons pas de faire le tour du monde !"






Le Quotidien du médecin - 17 février 1971

Costumes sans sosies

Une exposition d'art populaire turc est présentée jusqu'au 10 mars prochain à l'Hôtel de Sens à Paris.

Vous y découvrirez le costume de la femme turque, qui se compose en général d'une chemise, d'un shalvar (pantalon bouffant) et d'une robe à trois pans qui permet une grande liberté de mouvements. C'est là le thème. Les variations sont innombrables. Aucun costume n'a de sosie. Il est œuvre du cœur, des mains et de l'imagination. Il est la fleur, le poème, la grâce du village et c'est dans la coiffe qu'iI trouve son achèvement, son expression la plus parfaite.






France-Soir - 14/15 février 1971

Tous les secrets des femmes turques dévoilés par leurs coiffes
L'Hôtel des archevêques de Sens, dans le Marais, est devenu un immense vestiaire turc. On y présente en effet une exposition "Coiffes et costumes turcs au travers des âges".

On peut tout savoir de la femme turque selon sa coiffe : si elle est mariée, fiancée, veuve, mère de famille, heureuse ou malheureuse; elle y ajoute des fleurs, des fruits, des plantes, des graines, des plumes, des pierres et même des pièces de monnaie.
Cette collection a été patiemment rassemblée par une jeune femme, Sahiba Tansug, qui a parcouru pendant dix ans les villages de son pays.
Passionnée par ailleurs pour l'œuvre de Pierre Loti, qui a vécu à Istanbul, elle a fait restaurer le café que l'écrivain aimait fréquenter et devenu entre-temps un repaire de truands. C'est aujourd'hui un endroit très couru où l'on peut consommer le café spécialement chauffé sur bois, à la manière de Loti.






Le Berry Républicain - 18 février 1971

Une exposition de coiffes et costumes turques à travers les âges se tient à l'Hôtel de Sens, à Paris. Les quelques soixante pièces de la collection constituée par Mme Sahiba Tansug représentent une expression poétique des campagnes turques.






Réforme - 13 mars 1971

Chiffons
Lorsque la jeune fille turque va se marier, elle prépare son trousseau. Cela peut durer des mois, et même des années. Quand le trousseau est prêt, on l'expose dans sa maison et chacun peut venir juger son travail, admirer les broderies, critiquer la manière dont elle a su s`inspirer des éléments traditionnels de sa famille et de son village. On voit alors si ce sera une bonne épouse ou si son mari risque des déceptions.

Photographie Réforme, 1971

Madame Sabiha Tansug née dans un petit village turc, a décidé un jour que le fait d`habiter en Europe occidentale ne l'empêcherait pas de se soumettre à la tradition de son pays, la Turquie. Mais ce n'est pas un trousseau qu`elle a voulu réaliser : elle consacre sa vie à la reconstitution de tous les trousseaux traditionnels des jeunes femmes turques. Au cours de ses nombreux voyages elle a rassemblé un nombre important de documents et c'est une partie du résultat de ses recherches qu'elle nous dévoile aujourd'hui.

Fort bien exposés dans une salle de l'Hôtel de Sens, ce sont des dizaines de costumes féminins, plus riches les uns que les autres, que nous découvrons. Dans un costume traditionnel turc, tout part de la coiffe dont nous admirons les modèles extrêmement différents les uns des autres. Mais la coiffe ce n'est pas seulement un bonnet, une toque ou un foulard : c'est un ensemble de voiles, de bijoux, de porte-bonheurs, de sacs à parfum... Une véritable œuvre d'art. L'habit proprement dit - corsage, foulard, pantalon ou jupe, bas et chaussures - vient s'harmoniser avec cette coiffe, sans oublier colliers et larges ceintures.

Cette exposition est un vrai régal et n'a qu'un défaut : sa richesse. A l'heure des grosses boucles de ceinturon, des pantalons bayadères et de la liberté totale que la mode actuelle laisse aux femmes, nul doute que beaucoup d'entr'elles ne soient ravies d`y aller trouver des idées.

Mais ce n`est pas tout ! A l'exposition "Coiffes et costumes turcs à travers les âges" s'ajoute une salle consacrée à la "Fleur dans le décor et le costume 1900.
Les robes, les manteaux, les broderies, les éventails. les affiches, les tissus d'ameublement de la Belle Epoque. Cette exposition, passionnante elle aussi, a par contre le défaut d`être beaucoup trop réduite pour le sujet qu`elle s`est fixée. Peut-être a-t-elle seulement pour but de nous inviter à découvrir les richesses de la Bibliothèque Forney...

Un coup d`œil sur le magnifique Hôtel des Archevêques de Sens complètera agréablement cette visite.
Jean-Lin Vidil






L'Humanité - 26 février 1971

À la Bibliothèque Forney, Un langage de couleurs : Le costume turc

Photographie L'Humanité, 1971

Coup sur coup les responsables de la Bibliothèque Forney (sise en l'hôtel de Sens) auront réussi deux coups de maître : après les costumes macédoniens, ils hébergent actuellement une extraordinaire collection de costumes turcs.
À l'entrée, une chose frappe : la parenté des deux expositions successives. Mais à fouiller plus profondément cette nouvelle exposition d'art populaire, on s'aperçoit que les différences sont grandes.
Tout d'abord un mot sur l'histoire propre de l'exposition. Celle-ci est l'œuvre d'une seule personne, Mme Sabiha Tansug qui est née dans un village d'Anatolie. Selon ses propres dires elle fut; très influencée dès son enfance par les costumes pleins de couleurs des paysannes de son pays.

Au fil des années. elle racheta dans toute la Turquie ces habits qui la fascinaient. Ce sont eux qui sont proposés à nos regards actuellement.
Ce qui est peut-être le plus intéressant est d'apprendre que ces costumes sont encore portés dans de nombreux villages de l'intérieur du pays.

Mais regardons-les, hauts en couleur, en lignes. Il faut avouer que bien souvent on ne connait des costumes turcs que les images noires et blanches du temps de jadis. Par exemple celles qui illustraient "Kéroban le Têtu", le roman turc de Jules Verne. Ou bien encore on a en tête les turqueries de Molière, où le turban devient objet de mascarade.
Là, la grisaille disparait dans ce costume où tout élément a une signification. La coiffe, par exemple, donne à l'initié, du premier coup d'œil, tous les renseignements qu'il désire sur la femme qu'il croise grâce au yazma, un carré d`étoffe adjoint à la coiffe.

Interprétation
La fillette porte sa coiffe sans yazma. Celui de la jeune fille est blanc. Chez la femme mariée, il entoure le visage. Dons tout le costume il en est ainsi. Et les pièces sont nombreuses.
Le costume feminin se compose, en effet., d'une chemise, d'un boléro, d'un shalvar (le fameux pantalon bouffant) et d'une robe à trois pans.

C'est la base, que chacune fabrique et interprète a sa façon. Car la décoration elle-même joue un rôle important dans ce langage social qu'est l'habit.
La dentelle qui entoure la coiffe (l'oya). par exemple est un vrai message sur la situation du couple : s'il est vert, c'est que madame s'estime heureuse en ménage, s'il est composé de poivrons c'est que monsieur ne satisfait pas.

Fleurs, fruits, graines, plumes, sont incorporés au cosme. S'ils ne suffisent pas, un travail (énorme) d'aiguille produit des fleurs fabuleuses.

A côté de cet univers chatoyant, sont exposés des objets de tous les jours : pipes en bois, ceintures décoratives, chaussures (en bois, incrustées de nacre) de sortie de bain, peignoirs de hammam.

C'est en fait une des plus belles expositions d'art populaire qu'on puisse voir actuellement à Paris.
Pour leur malheur, les responsables du centre de documentation du costume ont accepté de réaliser à côté des costumes tures une exposition sur "la fleur dans costume 1900 ". Celle-ci est totalement écrasée. anéantie par la splendeur de sa voisine. Il est à souhaiter qu'on donnera une autre chance au costume français. Quant il n'aura plus de concurrent si dangereux.
Claude Picant






La Croix - 21/22 février 1971

Découvrir à l'Hôtel de Sens la femme turque, ses costumes et ses coiffes

"S'il n'y avait qu'un coup d'œil à jeter sur la terre, c'est ici qu'il faudrait le jeter " : ces mots de Lamartine découvrant Istanbul, peuvent être repris comme l'a fait le président du Comité France-Turquie, M. P. Lyautey, lors de l'inauguration de l'exposition populaire d'art turc qui se tient dans l'hôtel des archevêques de Sens. Dans le cadre austère du rez-de-chaussée de l'hôtel, c'est le chatoiement de vives couleurs, la grâce et l'élégance des plis des vêtements.

Nous avons là, une centaines d'exemples du "don créateur de la femme turque" et la révélation d'une culture des coiffes et d'une civilisation des costumes. La mode nouvelle, font remarquer les Turcs, s'inspire de ce que fut et demeure le costume traditionnel des paysannes turques.

Les costumes et coiffes présentés ont été recueillis au cours de nombreux déplacements par Mme Sabiha Tansug qui, née dans un village anatolien, a gardé des liens profonds avec son terroir.

Le costume de la femme turque se compose en général d'une chemise, d'un boléro, d'un shalvar (pantalon bouffant) et d'une robe à trois pans. Sur ce thème, les variations sont innombrables et aucun costume n'est semblable à un autre. Chaque vêtement est œuvre d'imagination et d'habilité manuelle.
Et noblement portée, couronnant la tête et l'ensemble du costume , la coiffe accompagne tous les âges de la vie.
La fillette la porte sans yazma (carré d'étoffe); la jeune fille avec un yazma blanc; chez la femme, le yazma entoure le visage… Aussi babillarde qu'un oiseau, la coiffe raconte la femme sans détours, avec la plus touchante sincérité…
Pour réaliser sa coiffe, la femme turque ne court pas "les boutiques"; elle utilise les matières premières que peut lui fournir son univers familier : plumes, fleurs, fruits, graines, coquillages, pièces de monnaie, etc.

Avec ces éléments banals et un sens artistique inné, la femme turque réalise des merveilles, comme on en trouve d'ailleurs dans les costumes régionaux du monde. La coiffe est belle… mais elle est aussi parlante. Ceux qui savent lire les coiffes verront si la femme est promise, mariée, veuve; si elle e des enfants, si son fils est au régiment…

Autour du yazma, l'oya (une fine dentelle aux aiguilles) a aussi sa signification : joyeusement vert, il annonce un bon mari; décoré de poivrons rouges, il proclame le contraire.
La coiffe de la mariée, türkmen, comporte une dizaine de pièces : un bonnet tissé avec sur le front deux rangs de pièces d'argent, des bandes de tissu de soie de couleur rouge et verte, un voile blanc, les talismans contre le mauvais œil, une chaine (symbole du mariage) qui serre le menton, le voile de la mariée retombant dans le dos, un tissu triangulaire jaune safran placé sous ce voile, cinq pièces d'argent et enfin un voile rouge, bordé de paillettes, qui se pose sur l'ensemble…

Sans avoir la clef qui nous permettrait de déchiffrer le langage des costumes et des coiffes, sans connaître le nom des différentes parties des vêtements, sans pouvoir situer les régions d'où ils viennent, du moins est-il donné à tous, d'admirer la richesse des coloris, leurs assemblages harmonieux, la poésie qui s'en dégage et le goût parfait de celles qui les réalisèrent.
H.L.P.F.






France-Soir - 5 mars 1971

L'ombre des Jeunes filles en fleur à l'Hôtel de Sens

Avec les beaux jours, trois expositions vous invitent à reprendre le chemin du Marais. Elles n'ont entre elles aucun point commun si ce n'est qu'elles ajoutent l'enseignement au plaisir de la flânerie.

Parlons d'abord du plaisir qui nous est abondamment dispensé avec les deux expositions qui se tiennent à l'Hôtel de Sens, en regrettant tout d'abord qu'elles ne soient pas ouvertes le dimanche, interdisant ainsi au plus grand nombre de les voir. La première qui nous emmène sur les bords du Bosphore et dans les plaines brûlantes et glacées de l'Anatolie, est consacrée aux "Coiffes et costumes turcs à travers les âges". Toutes les odeurs des bazars s'exhalent de ces vêtements multicolores qui rappellent les escales de l'été.

Cette merveilleuse collection de vêtements, de bijoux, d'accessoires a été réunie par une jeune femme turque, Mme Sahíba Tansung qui, enfant, vécut au milieu des paysans d'Anatolie et qui garda le souvenir fasciné de leurs costumes.

Après avoir fait des études à Istanbul, elle revint dans son village et, se rendant compte que bientôt le triste uniforme occidental allait complètement supplanter les costumes traditionnels, elle entreprit de collectionner ceux-ci. Avec une ardeur de pionnier, elle étendit de plus en plus l'aire de ses recherches malgré les difficultés, parfois immenses, dont seuls les voyageurs de la Turquie intérieure peuvent avoir l'idée.

L'autre exposition offre un contraste parfait avec ces vêtements turcs, en présentant quelques exemples les plus charmants de goût français au début du siècle. Consacrée à la "Fleur dans le décor et le costume 1900" elle est organisée par l'Union centrale des Arts du costume et le Musée Carnavalet. Elle montre quelques robes qui furent portées par Cléo de Mérode, Anna Gould et les héroïnes de Proust.

On comprend qu'à celui-ci soit venu tout naturellement le titre de son livre : "A l'ombre des jeunes filles en fleurs", en voyant ces souvenirs fleuris, ces robes, ces écharpes, ces corselets brodés de glycines, de pensées, de lilas, de pivoines, de violettes. […] Jean-Paul Crespelle






La Vie du rail - 28 février 1971

Une exposition d'art populaire turc

À l'Hôtel de Sens, jusqu'au 10 mars, sont présentés des coiffes et des costumes anciens de femmes turques. Aucune de ces pièces vestimentaires n'a de sosie, chacune étant l'œuvre du cœur, des mains et de l'imagination. Chaque Turque découpant le tissu, choisissant la couleur, causant ou brodant, raconte sa vie et son village. A voir les femmes vêtues, on savait si elles étaient promises, veuves, mariées, mères de famille, heureuses ou malheureuses en ménage... Poétique, non ? Que n'en lit-on autant sur les maxi-jupes balayeuses de trottoirs !...
A. F.






L'Amateur d'Art - 18 février 1971

Poésie rustique de la Turquie

La Société des Amis de la Bibliothèque Forney et le comité France-Turquie présentent, à |`ancien Hôtel des évêques de Sens,de la rue du Figuier, une remarquable collection de coiffes et de costumes anciens des femmes turques qui sera une révélation pour de nombreux parisiens.

Rappelons, à cette occasion, que la Bibliothèque Forney s'est ouverte en 1886, grâce au legs important fait à la ville de Paris par un industriel de la capitale. Sa vocation est de fournir une documentation importante à l'art décoratif, à la technique. Son fonds est considérable.

Le siège de cette bibliothèque à l'Hôtel de Sens qui reste un des rares témoignages de l'architecture du Moyen-Âge. C'est un des monuments les plus émouvants de la capitale On sait, que jusqu'au X\/lle siècle, le diocèse de Paris ne fut qu`un archevêché suffraqeant de l'archevêque de Sens. Ce prélat était un grand personnage; il était conseiller du roi de France ses charges l'amenaient souvent a Paris et il était tout naturel qu`i| s`y donnât un établissement important.

La collection présentée, jusqu'au 10 mars, à l'hôtel de Sens est l'œuvre d'une femme turque Mme Sabiha Tansuq. Elle est née dans un village de l'Anatolie et elle est restée fortement attachée au "génie de son terroir". C'est ce qui l'a poussée à recueillir de village en village cet important ensemble.

C'est une leçon vivante d'ethnographie. Le costume de la femme turque prend une signification profonde. Il se compose d`une chemise, un bolero, d'un pantalon bouffant appelé shalvar et une robe à trois pans. "C'est là le thème, les variations sont innombrables. Aucun costume n'a de sosie. ll est œuvre du cœur, des mains et de l'imagination. Il est la fleur, le poème, la grâce du village et c'est dans la coiffe qu'il trouve son achèvement, son expression la plus parfaite. On s'attachera plus particulièrement à ces coiffures qui exprimaient la femme turque avec une touchante sincérité Elle révélait si celle qui la portait était fiancée, mariée ou veuve, si elle avait des enfants. si son fils était soldat ou sil était sorti du régime, etc.

On retrouvera à l'Hôtel de Sens la voix chaude et vivante des campagnes turques.






Photographie Jours de France, 1971






L'Écho touristique - Mars 1971

Coiffes et Costumes à travers les Ages
Sous l'égide de la Société des Amis de la Bibliothèque Forney et du Comité France- Turquie, se tient actuellement et jusqu'au 10 mars prochain, dans le cadre de l'Hôtel des Archevêques de Sens, à Paris, une exposition de coiffes et costumes traditionnels des femmes turques.
Cette collection est l'œuvre de Mme Sabiha Tansung, une anatolienne qui a gardé de son enfance des liens profonds avec le génie du terroir. Elle a réuni ainsi, en allant de village en village et de province en province, une soixantaine de coiffes et de costumes qui sont comme l'expression poétique des campagnes turques, et l'illustration enchantée des traditions et de la verve villageoises.






Photographies de l'exposition"




Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"






Photographie Bibliothèque Forney, 1971
Photographie de l'exposition "Coiffes et costumesturcs au travers des âges"