ASPECTS DE LA TAPISSERIE CONTEMPORAINE FIGURATIVE
4 JANVIER AU 4 FÉVRIER 1968
L'Association "Connaissance des hommes" et la Société des amis de la Bibliothèque Forney ont présenté une sélection de 32 tapisseries contemporaines figuratives autour du maître incontesté Lurçat : Jean Picart Le Doux (Amazonie, Cortège d'Orphée, Prière aux masques) et Marc Saint-Saëns (Dédale, Le Réveil-matin). Des tapisseries dont la façon a un tout autre caractère : tel Dom Robert (Jardin des sirènes) ou Coutaud, (Calypso) Ferreol (Les Cavaliers de l'Apocalypse), Lapicque (La route de Nagpour) donnaient une bonne idée des tendances diverses de cet art. L'exposition se terminait sur des maîtres très jeunes : tels, Marc Petit (Volige), Chaye (Voiles), Hilaire (Lumière dans la forêt).
Revue du Touring Club de France - Janvier 1968
La Tapisserie contemporaine figurative
Sous ce titre et réunis autour de Lurçat, Jean Picart le Doux, Marc Saint-Saëns des artistes de même tendance, présenteront, du 5 janvier au 4 février 1968, une exposition de tapisseries. On sait la part que prit, avant guerre, Lurçat dans ce renouveau de la tapisserie qui, après avoir connu une période faste au Moyen-Âge était, depuis un siècle, sur un déclin constant. Dès 1939, Jean Picart le Doux, conseillé par Lurçat se rangea à ses côtés et se mit, lui aussi à faire des "cartons". lls ne furent pas les seuls et s'il convient de citer ensuite Marc Saint-Saëns, il ne saurait être question d'omettre les noms de peintres-cartonniers tels que Fernand Léger, Dom Robert, Coutaud, Perrot Hilaire, Marc Petit, Simon Chaye, Jean-Louis Viard, Claude Bleynie, Lapicque, Ferréol, Michèle Van Haut Lebeau, Michel Fochler. Ce sont précisément ces artistes qui participeront à cette exposition.
Organisée conjointement par l'association culturelle "Connaissance des Hommes" et la "Société des Amis de la Bibliothèque Forney", cette exposition entre dans un cycle et des objectifs communs :
- susciter dans le public un vaste mouvement de curiosité favorable à une meilleure connaissance de l'art sous toutes ses formes;
- promouvoir au sein d'un des plus somptueux bâtiments médiévaux de la capitale, qui abrite aussi une bibliothèque considérable, les métiers d'art contemporains.
L'exposition sera ouverte et se tiendra à l'ancien hôtel des Archevêques de Sens, 1, rue du Figuier, à Paris (lV) de 13h30 à 20h30 (sauf les dimanches et lundis) jusqu'au 4 février 1968.
La Croix - Janvier 1968
Aspects de la tapisserie contemporaine
Le jeudi 4 janvier sera inaugurée, dans les murs de l'ancíen Hôtel des archevêques de Sens, 1, rue du Figuier (IVe arr.), une importante exposition organisée par la Société des Amis de la Bibliothèque Forney, sous le titre : "Aspects de Ia tapisserie contemporaine figurative". (Elle restera ouverte jusqu'en février)
Champagne de Jean Lurçat - 1959, Sixième tapisserie du Chant du monde (1957-1966)
Aux écoutes n° 2271 - 24 au 30 janvier 1968
La Tapisserie - Deux expositions consacrées à la tapisserie contemporaine nous permettent de prendre une vue, sinon compíète, du moins assez large des travaux de nos cartonnîers. Toutes deux, à part les ouvrages de Loewer, ne s'éloignent pas du domaine figuratíf. Nous y retrouvons des maîtres connus du public, comme Gromaire, Lurçat, Saint-Saëns, Ficart, Le Doux, Picasso, mais aussi d'autres dont la renommée est actueííement moins grande, Ferréol, Mare Petit, Hilaire, Dom Robert, entre autres. Ces deux ensembles, associés, constituent une excellente introduction à la connaissance d'un art en pleine renaissance.
(Hôtel de Sens, 1, rue du Figuier - Galerie de Paris, place François 1er)
Télérama n° 940 du 21 janvier 1968
Pour les Jeunes :les idées de la semaine
Exposition : Le très bel Hôtel de Sens, 1, rue du Figuier, abrite jusqu'au 4 février (du mardi au samedi, 13h30 à 20h30) une très belle présentation des "Aspects de la tapisserie contemporaine figurative" : les tapisseries de Lurçat, Picart Le Doux, Saint-Saens..., avec leurs images de nature et leurs couleurs vives, rehaussees d'un fond musical adapté, enchanteront petits et grands.
Jean Picart Le Doux - Flore des tropiques
Loisir-Jeunes - Janvier 1968
Allez tous voir au ravissant Hôtel de Sens les "Aspects de Ia tapisserie contemporaine figurative". Vous y trouverez Jean Lurçat dans ses fameuses tapisseries et avec lui les noms célèbres de ses élèves : Picart Le Doux, Saint-Saens, Dom Robert, Marc Petit, etc...
Excellente présentation tant visuelle que sonore ; des tentures et tapisseries sobres font ressortir les couleurs éclatantes de la nature, thème de la plupart des oeuvres, et un fond musical adapté à chaque artiste vous invite au calme et à la joie.
Le Figaro - 24 janvier 1968
LES ARTS AU JOUR LE JOUR
À l'Hôtel de Sens - Aspects de la tapisserie contemporaine
Les salles rénovées de l'ancien Hôtel des Archevêques de Sens, aujourd'hui Bibliothèque Forney, offrent, avec leurs proportions parfaites le plus bel emplacement que l'on puisse rêver pour une exposition de tapisseries.
L'actuelle exposition consacrée à quatorze peintres cartonniers, autour du maître Jean Lurçat, illustre les "Aspects de la tapisserie figurative contemporaine".
Les accents mélodieux du Sacre du Printemps, accompagnent la coloration somptueuse et la composition très animée d'une belle tapisserie de Jean Lurçat intitulée Jubilation.
D'autres œuvres parmi les dernières conçues par le maître accompagnent l'ensemble en hommage à celui qui fut à l'origine de l'essor de toute la tapisserie contemporaine.
Trois tapisseries illustrent le talent d'un des plus fidèles émules de Lurçat, Jean Pîcart le Doux du Bestiaire bien connu.
Saint-Saëns, lui aussi, a suivi le chemin tracé par Jean Lurçat en jouant sur des tons plus délicats, Il semble que Dédale, une œuvre plus récente, s'échappe des sentiers un peu rebattus.
Dom Robert et René Perrot évoquent par leur style la tradition médiévale des "mille-fleurs".
Marc Petit joue subtilement de la féérie avec une oeuvre aussi sensible que Volige (habitant d'une autre planète).
Chez Hilaire, chez Coutaud, chez Ferréol, chez Lapicque on reconnaît le talent des peintres qui essayent de retrouver les mêmes effets que l'on a l'habitude de voir dans leur peinture, avec la laine.
Le caractère lyrique des cartons de Jean Lurçat marque toute la tapisserie contemporaine fígurative. Celle-ci, certes, est variée mais elle risque de rentrer dans une période monotone si elle n'éclate pas des frontières limitées de tout un jeu subtil, lumineux, de formes aiguës nées du surréel ou de la féérie des songes.
S.M.
Marc Saint-Saëns - Le Valet de Pique
Courrier du Meuble - n° 386 du 30 décembre 1967
Tapisseries figuratives à Forney
La Société des Amis de Forney et Connaissance des Hommes organisent, du 5 janvier au 4 février [1968], une grande exposition de tapisseries dans le cadre de l'ancien Hôtel des Archevêques de Sens (1 rue du Figuier, Paris 4°).
Sur le thème "Aspects de la tapisserie contemporaine figurative " seront regroupées les oeuvres de quinze peintres cartonniers. Des œuvres de Jean Lurçat constitueront le centre de l'exposition, montrant ainsi comment à partir de la volonté créatrice du maître, l'expression figurative en tapisserie s'est développée autour de tendances différentes que les seuls noms des quatorze cartonniers dont les œuvres accompagneront celles de Jean Lurçat suffisent à évoquer.
Il y aura, en effet, à côté de Jean Picart le Doux qui a usé de son autorité pour que ces "aspects de la tapisserie contemporaine figurative" soient le plus variés possibles, Marc Saint-Saëns, Dom Robert, Ferréol, Marc Petit, Perrot, Bleynie, Simon Chaye, Michèle Van Hout Le Beau, Fochler, Coutaud, Lapicque, Hilaire et Viard.
PM.
L'Information dentaire - 1968
Nous avons vu deux grandes expositions consacrées à des tapisseries contemporaines à l'Hôtel de Sens et à la Galerie de Paris. Une vingtaine d'artistes y étaient représentés par 80 tapisseries.
A l'Hôtel de Sens, des tapisseries de Lurçat, Jean-Picard Ledoux, Marc Saint-Saëns, Marc Petit, Cloutaud, Hilaire, Dom Robert, Perrot, Bleynie, Chaye, Michèle Le Beau, Ferréol, Lapicque, Viard, Fochler étaient accrochées aux murs médiévaux de l'illustre Hôtel, alors qu'à la Galerie de Paris elles faisaient, en quelque sorte, partie du décor de l'hôtel particulier, fin XIXe, qui caractérise cette Galerie. Y étaient réunies des œuvres de : Gromaire, Picasso, Zadkine, Hilaire, Lœwer, M. Ferréol, Marc Petit.
Marc Petit- La nuit prend l'air
Le génie médical n° 259 - Janvier 1968
La tapisserie figurative contemporaine à l'Hôtel de Sens
Seconde exposition artistique réalisée par la Société des Amis de la Bibliothèque Forney et Connaissance des Hommes.
Il fallait une certaine audace pour accrocher dans ce cadre médiéval unique, une suite de tapisseries modernes. On pouvait tout craindre, mais le miracle fut accompli grâce à la richesse des coloris et la beauté des thèmes célébrés dans un style parfait. C'est une joie et une sorte de bonheur d'une rare qualité que l'on éprouve à parcourir ces salles où s'épanouissent des tapisseries figuratives réalisées dans un art dont Lurçat disait :
"Je ne connais rien de si réconfortant que ces grands pans de mur tapissés d'herbes, de chiens cordiaux, de filles qui lavent le linge et veillent sur le mouton, de bleuets et de sauges, de thym ou de violettes, de prophètes, de laboureurs, de coursiers."
N'oublions pas les symboles dont justement Lurçat a fait un si éclatant usage, ni les allégories qui se nourrissent toujours de poésie lyrique. Quinze artistes haute-lissiers ont participé à cette manifestation, mais ont laissé peu de place à la réalité, nous y trouvons de la musique, des jardins de rêve, des bouquets, des voiliers voguant vers le paradis terrestre, des poissons, des oiseaux, des forêts illuminées, tout nous parle d'évasion, d'un ailleurs où doivent être enfermé le bonheur et la joie de vivre.
A tout seigneur tout honneur, voici Lurçat qui redonna la vie à l'art mural "la Grande Reine", "Helios" et "Jubilation" dans lesquels il a fait passer toute son exaltation à capter les beautés du monde.
Picart-le-Doux : lci tout est ordre, mesure, équilibre, une grande tapisserie intitulée "Hommage à J.-Sébastien Bach" l'artiste s'inspire des œuvres du Moyen Age, nous y trouvons dans un esprit de synthèse des thèmes allégoriques traités dans une forme classique.
Marc-Saint-Saens : L'imagination ici est en liberté, elle flirte avec la fantaisie et nous entraine avec une fougue endiablée à des hauteurs où la beauté est libérée des contraintes de la réalité comme dans ses "Soleils sous la pluie".
Dom Robert : Un moine bénédictin, ses tapisseries s'inspirent des enluminures, dans lesquelles la faune et la flore, du créateur s'épanouissent dans une luxuriance inouie. Elles nous font penser aux Fioretti tout en rappelant le foisonnement enchanté des miniatures persanes.
Lucien Couteaud : qualifié de peintre surréaliste parce qu'il se fournit chez le rêve et la fantasmagorie, mais il sait lier les deux pour meubler ses tapisseries auxquelles il ajoute la fantaisie et l'ironie. Un univers où bouillonnent et foisonnent des parcelles de monde désintégré.
Marc Petit : Elève de Lurçat, mais qui, tout en profitant de ses leçons, a su les interpréter en toute indépendance. Désinvolte, funambule, jongleur, entomologiste, il capte des insectes qu'il fixe au centre de sa tapisserie, lui aussi se fournit abondamment dans la fantasmagorie qu'il illumine par des tonalités d'une chaleur inouïe.
Dom Robert - La cour du chat
Hilaire : Un style strictement linéaire, lui permet de réaliser sa forêt lumineuse, les lignes et les couleurs dans un concert heureux captent la lumière qui chante sur la lyre du dessin. Ombre et lumière étant par ailleurs toujours les meneuses de jeu.
René Perrot : Cartonnier de grande classe, il fait tisser des tapisseries qui sont de grands morceaux d'anthologie de la nature. Ses oiseaux sont un hymne à la vie, de même que son très beau et très original bouquet en feu d'artifice.
Charles Lapicque : Plasticien il sait incorporer des formes mouvantes dans ses panneaux décoratifs. Ses œuvres
sont chargées de symboles, ses scènes de chasse au tigre sont empreintes de féerie.
Charles Bleynie : Ses fileuses de rêve, sa forêt solitaire traduisent le penchant de l'artiste pour la nature qu'il rebrode de motifs somptueux, qui chantent son inépuisable source d'inspiration bucolique.
Simon Chaye : Avec lui on s'embarque sur des voiliers imaginaires voguant vers des lieux où l'irréalité est bien la sœur du rêve. Le dessin rigoureux produit des formes heureuses dont l'imagination s'empare pour lancer vers le ciel des oiseaux frémissants.
Maurice Ferréol : Un esprit d'enfance préside à ses conceptions et lui permet par le jeu de teintes très vives d'illuminer un paradis terrestre et de le peupler d'une flore ailée, d'un bestiaire innocent et d'une humanité paisible et souriante.
M. Van Haut le Beau : L'art hautelissier compte peu d'artiste féminine ; en voici une qui nous propose dans un style coloré des métamorphoses au sein desquelles la nature se déploie à l'aise, interprétée avec finesse et nuance.
Jean-Louis Viard : Elève de Picart-le-Doux, ses thèmes cosmiques s'ils sont vus sous l'angle géométrique pur sont magistralement définis, le "Soleil noir de la nuit" et le "Soleil noyé" sont des œuvres dans lesquelles les effets sont obtenus par la richesse des coloris de la laine, et la beauté des lignes.
Michel Fochler : Assistant de Picart-le-Doux, il nous présente une tapisserie intitulée "Dieu-oiseau", le dessin léger, ailé, surréalise le thème qui allège la composition un peu trop dépouillée, mais l'ensemble dénote un vrai sens de l'interprétation lyrique.
Une exposition qui s'harmonise admirablement avec le décor.
D'Arthez.
Simon Chaye - Taillis
Valeurs actuelles n° 1629 du 25 au 30 janvier 1968
La succession de Lurçat ex-roi d'Aubusson
On ne peut rêver château mieux choisi que l”ancien Hôtel des Archevêques de Sens pour présenter (jusqu'au 3 février) les œuvres de quatorze cartonniers de talent groupés par l'association "Connaissance des hommes" autour du maître tapissier Jean Lurçat, rénovateur de la tapisserie d”Aubusson.
Lurçat fut imité avec ferveur - et sans doute avec son assentiment - par ses aides ou ses disciples.
On pourrait presque le comparer à deux grands Flamands : Pierre Bruegel l'Ancien ou Paul Bril, créateur du paysage classique, et dont les "verdures" seront longtemps copiées par Aubusson, bénéficiaire de l'ordonnance royale du 11 septembre 1611, qui fut très favorable à la ville et à ses manufactures.
L'exposition des trente-deux tapisseries, à l'Hôtel de Sens, s'ouvre respectueusement sur trois oeuvres de Lurçat : "Hélios", "Jubilation", et "La grande reine", que complètent l' "Hommage à Jean-Sébastien Bach", de Picart le Doux, "Dédale" de Marc Saint-Saens, "Drakkar" de Simon Chaye, qui sont très nettement influencés par le maitre, à l'exception de Coutaud qui sait rester lui-même grâce grâce à "Un après-midi vert" et surtout à "Calypso".
Quand on a vu, au Musée des arts décoratifs, le cycle des dix tentures du "Chant du monde", qui mesurent 130 mètres de long et qui furent tissées de 1957 à 1965, on ne peut être qu'ébloui par la délicatesse poétique du dessin et la luminosité ardente des couleurs.
Aux tapisseries de l'Hôtel de Sens, s'ajoutent actuellement celles de la Galerie de Paris. Elles sont choisies avec le dessein de mettre en relief le travail des cartonniers, qu'ils le soient occasionnellement ou par goût comme Gromaire, ou qu'ils s'adonnent à cet art magnifique parce que trop riches de talents divers. Cette galerie présente, actuellement et jusqu'au 3 février, cent-cinquante tapisseries. Gromaire n'a pas fait de nombreux cartons, tandis qu'Hilaire, peintre très habile, est incité par sa fougue un peu sauvage à reprendre un paysage sylvestre déjà traité pour en faire une tapisserie.
"Chanteaux-noirs", de Loewer est né d'un immense dessin industriel, alors que Marc Petit, qui est représenté à l'hôtel de la rue du Figuier par "L'ambitieux" et "Volige", expose à la Galerie de Paris seize tapisseries, dont le "Funambule" rouge sans doute destiné, non à un salon princier, mais aune école enfantine, comme "Les Vikings" de Ferréol.
Quant aux deux compositions de Picasso et de Zadkine, elles n'ont de la tapisserie que leurs imposantes dimensions.
Ces deux expositions, dont la première est entièrement figurative, alors que l”autre introduit entre Hilaire et Marc Petit... Loewer qui présente douze tapisseries abstraites, sont, en raison de cette divergence savoureuse, extrêmement agréables à confronter.
L'essai d'interprétation musicale qui souligne la présence de chacune des tapisseries à l'Hôtel de Sens, n'est pas des plus réussi. Il est désolant de traduire en musique le sujet d”une tapisserie de Marc Petit, "Tournebranche", par une symphonie d'Olivier Messiaen.
Espérons toutefois que ces deux artistes se coniugueront pour rapprocher deux arts très différents...
Jean Bardiot
Michèle Van Hout Le Beau - Papillons de cocagne
Courrier du meuble n° 388 du 12 janvier 1968
La tapisserie contemporaine figurative à la Bibliothèque Forney
L'Association "Connaissance des Hommes" et la Société des Amis de la Bibliothèque Forney ont uni leurs efforts pour présenter dans le cadre de l'ancien Hôtel des Archevêques de Sens (1 rue du Figuier, Paris 4e) une bonne trentaine de tapisseries, portant les signatures de Jean Lurçat et de quatorze cartonniers, tous d'inspiration figurative comme l'indique assez le titre même de l'exposition.
Exposition plus disparate que convaincante, puisque groupant des œuvres fort inégales de cartonniers dissemblables réunis artificiellement sous la seule bannière de la figuration.
Les noms seuls des quatorze qui ont été regroupés derrière leur maître a tous, Jean Lurçat, suffisent à montrer ce qu'il peut y avoir d”arbitraire à réunir des artistes sous une seule et vaine étiquette. Il y a, en effet, dans le cadre admirable de l'Hôtel de Sens, des laines de Jean Picart le Doux et de Marc Saint-Saëns, de Dom Robert et de Ferréol, de Perrot et de Bleynie, de Simon Chaye et de Fochler, de Michèle Van Hout Le Beau et de Viard, de Marc Petit et de Camille Hilaire, de Coutaud et de Lapicque.
Peu de chose, peu d'affinité, peu de communauté de pensée et de création unissent des hommes aussi différents, sinon que les uns et les autres ont ce que l'on peut appeler une écriture "lisible".
Ce n'est probablement pas la façon la plus convaincante de montrer des tapisseries, mais il faut reconnaître deux avantages ou deux qualités ? - primordiales à cette exposition.
Tout d'abord elle montre - jusqu'au 4 février - la vitalité de l'inspiration figurative et sa diversité; elle montre même - Hilaire en est la preuve la plus flagrante - que les frontières qui séparent la figuration de l'abstraction sont singulièrement fragiles et étonamment arbitraires.
Elle nous montre aussi, derrière les maîtres que nous connaissons tous, des artistes en pleine force créatrice, comme Hilaire et Marc Petit que l'on ne voit que trop peu à Paris, et des jeunes, ou des artistes moins connus, comme Simon Chaye, Viard et Bleynie, qui travaillent beaucoup, évoluent et s'accomplissent.
Ne serait-ce que pour cela, cette exposition était nécessaire, et l'accrochage, dans un cadre admirable, comme l'accompagnement musical particulièrement étudié, sont de parfaites réussites dont il faut avant tout féliciter les deux premiers responsables, Jacqueline Viaux pour les Amis de Forney et Yves Leroux pour "Connaissance des Hommes", sans oublier naturellement Jean Picart le Doux qui les a épaulés de son autorité et de sa proverbiale gentillesse.
P. M.
Lapicque - Le Tennis
Mobilier et décoration - Mai 1968
Dans le cadre historique et prestigieux de l'ancien Hôtel des Archevêques de Sens, une exposition s'est tenue récemment, qui mettait en valeur quelques aspects de la tapisserie figurative contemporaine.
Du 4 Janvier au 4 Février 1968, les œuvres de quatorze peintres-cartonniers se trouvèrent là groupées autour de quelques pièces obligeamment prêtées par Madame Jean Lurçat et qui rappelaient l'action fulgurante menée par le grand disparu dans la rénovation de la tapisserie française.
Au long des cimaises (le décor était dû à une équipe d”élèves de l`Ecole Boulle) les beaux murs de pierre retrouvaient une vitalité joyeuse, leur ocre clair mettant en valeur les coloris chaleureux des laines. De l'une à l'autre salle, les tapisseries composaient de grands mouvements sans brisures, seulement parfois retenus par une douceur d'expression.
A côté de maîtres reconnus, quelques jeunes montraient des essais qui déjà ont dépassé le stade des expériences et s'affirment comme "œuvres". Ainsi de Michel Fochler, né en 1940 et qui, devenu assistant de Jean Picart-le-Doux après avoir accompli ses études à l'Ecole supérieure des Arts Décoratifs de Bruxelles, cherche sa voie personnelle tout en respectant la tradition.
Simon Chaye, né en 1930, fut durant cinq ans l'élève de Souverbie. Ensuite, de 1953 à 1964, il devint l'assistant de Jean Picart-le-Doux qui l'encouragea à faire oeuvre personnelle. Les thèmes marins, les voiliers, lui inspirent des compositions .au dessin vigoureux, aux tons contrastant mais limités de par leur nombre; quelques jaunes, gris et un noir lui suffisent pour faire surgir du mur de fantastiques Armadas...
La qualité émotive des compositions de Claude Bleynie semble procéder des enchantements de la forêt de Brocéliande. Feuillages, fleurs et êtres étranges s'y ensorcellent mutuellement. Né à Paris en 1923, cet artiste, après avoir suivi les cours de l'École des Beaux Arts, fut élève de André Lhotte, puis de Jean Souverbie.
Michèle van Hout Le Beau obtint en 1948 un diplôme de l'Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs et est Professeur titulaire de la Ville de Paris. Ses cartons vivement colorés rythment des formes baroques; ils dépaysent à la manière d'un décor de théâtre et la tapisserie exposée méritait bien son titre de "Métamorphoses".
Jean-Louis Viard (né à Orsay en 1917) fut second Grand prix de Rome gravure en 1942. Il transpose les éléments naturels en leur faisant exprimer une sorte de message spirituel, servi en cela par une technique qui utilise au maximum tous effets que l'on peut tirer de la laine. Ses soleils, aussi, ont parfois les maléfices des pavots noirs.
Maurice Ferréol construit, lui, un monde plus heureux et ses tapisseries mettent entre le réel et vous un rempart que les soucis ne peuvent traverser.. Bien que né à Villeurbanne, dans le Rhône (en 1906) il a aussi parfois une truculence naïve des Flamands.
On ne présente pas Charles Lapicque. Tous nos lecteurs connaissent son oeuvre de peintre, de graveur, de cartonnier-tapissier. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il ne déçoit pas l'attente de tous ceux qui, dès longtemps, aiment à retrouver l'allégresse contrôlée, la santé exubérante, la richesse imaginative qui servent sa pensée et son œuvre.
Né en 1912, René Perrot suivit l'enseignement de Cassandre avant de s`initier au métier de cartonnier-tapissier à Feltin, puis à Aubusson. ll a déjà fait tisser plusieurs centaines de cartons. Les fleurs, les oiseaux, tout ce qui embellit la vie, sont ses thèmes familiers.
Camille Hilaire n'est pas un inconnu pour nos lecteurs, puique la revue lui a déjà consacré plusieurs articles. Ses "Forêts" sont à la limite de l'abstrait, et pourtant très prochainement évocatrices des sous-bois; il répand sur elles une somptuosité sobre qui les places hors de toute "école".
Marc Petit est un exemple de ce que les tempéraments affirmés ont pu recevoir l'enseigneinent de Jean Lurçat pour exalter leur personnalité et non pour devenir des épigones. Né à Strasbourg en 1932, il rencontre Lurçat en 1954, travaille avec lui à Saint-Céré, puis à Aubusson, mais reste ?dèle à ses rêves, peut-être à ses inquiétudes propres, et invente une sorte de Pays des Merveilles pour une Alice encore à naitre.
Le monde étrange de Luc en Coutaud acquiert une magie plus raf?née pour être distillée entre trame et chaîne. Son expérience de décorateur de théatre s'unit à son expérience de peintre pour donner à son métier de tapissier une qualité étonnante. Il est le maître de la fantasmagorie. Les salons du paquebot "France" sont ornés de tapisseries.
D'une simple fleur, Dom Robert peut faire un sujet d'infinie méditation ; et ses tapisseries sont faites de fleurs diversement écloses, dont l'épanouissement calme prouve qu'elles ont rencontré le regard de Dieu ; elles ont la minutie de l`enluminure, mais leurs pétales aux teintes d'hésitant printemps sont bien gon?és de jeune sève.
De splendides élans, des envolées dramatiques, des mouvements rapides, et une transparence, et une profondeur, donnent aux tapisseries de Marc Saint-Saens cet attrait qui ne peut passer. Le grand "Dédale", ou le "Bouquet" qui figuraient à l'exposition, étaient bien dans l`ordre de l'élan créateur de ce maître trop connu pour que j'insiste ici sur les détail de sa carrière exemplaire;
De même, je ne vous présenterai pas Jean Picart-le-Doux ; vous savez tous à quel point son nom, comme celui de Jean Lurçat, est lié à la nouvelle tapisserie française. En vrai poète, il plie son inspiration à des règles strictes, et l'objet-tapisserie, dépouillé à l'extrême par tant de science de volonté et de talent, devient à son tour poème ou chant.
La tapisserie est pratiquement un art d'équipe. Cette exposition fut aussi le fait d'un travail "en équipe". Elle n`aurait pu être aussi réussie sans le concours de Madame Jacqueline Viaud, bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Forney (qui siège en l'Hôtel de Sens) et de son personnel, qui procédèrent à la mise en place et à l'accrochage. Sans l'aide aussi, pour l'organisation, de Messieurs Fagu et Jacotet. Et sans l'initiative de "Connaissance des Hommes" qui s'attache a la découverte d'un nouvel humanisme.
Catherine Prague
Jean-Louis Viard - Mémoire
Revue de l'ameublement n° 2 - Février 1968
Article de Pierre Masteau
TAPIS ET TAPISSERIES
d'aujourd'hui et de demain
Aspects de la tapisserie contemporaine figurative
Sous ce titre, l'Association Connaissance des Hommes et la Société des Amis de la Bibliothèque Forney présentent jusqu'au 4 février, dans le cadre magnifique de l'ancien Hôtel des Archevêques de Sens, une bonne trentaine de tapisseries, signées de quatorze peintres différents regroupés autour de trois tapisseries de Jean Lurçat.
Le titre un peu long de cette exposition en indique assez la tendance. Yves Leroux pour Connaissance des Hommes et Jacqueline Viaux pour Les Amis de Forney ont demandé à Jean Picart le Doux de les guider et de les aider dans le dédale des laines afin de mettre sur pied une exposition qui ait valeur démonstrative.
ll s'agissait de montrer comment, à partir de Lurçat et autour de lui, entraînés en quelque sorte par Jean Picart le Doux et Marc Saint-Saëns, toute une équipe de peintres maintient les lisses dans les chemins de la figuration. Ainsi se trouvent réunis, avec ces trois maitres, Dom Robert et Ferréol, Hilaire et Marc Petit, Coutaud et Lapicque, Perrot et Bleynie, Simon Chaye et Michel Fochler, Jean-Louis Viard et Michèle Van Hout Le Beau.
Est-ce aussi convaincant qu'on le souhaiterait ?
lncontestablement, les figuratifs ainsi regroupés provisoirement en une seule exposition nous seront apparus dans toute leur diversité, et cette confrontation aura démontré, s'il en était besoin, que la figuration n'est pas une, qu'elle est multiple et parfois proche de l'abstraction, à moins que l`abstraction ne soit (souvent) qu'une forme supérieure de figuration. Ce qui suffit à rappeler combien arbitraires sont les frontières que l'on s'obstine à maintenir entre artistes de différentes tendances.
Que les œuvres accrochées aux murs de l'Hôtel de Sens soient de valeurs différentes, que leurs auteurs soient de qualité différente, nul n'en disconviendra. L'important, qui est clairement apparu rue du Figuier, est bien que ceux qui ont été entraînés, directement ou indirectement, par Jean Lurçat, Picart le Doux et Marc Saint-Saëns, soient moins des sous-Lurçat que des artistes dont la personnalité se cherche encore parfois, mais s'affirme clairement le plus souvent.
En voulant montrer combien la figuration restait vivante, on a moins trouvé l'unité qu'accumulé des œuvres fort disparates, qui prouvent sans doute la richesse d'inspiration des peintres figuratifs mais dont il ressort une confusion que l'on ne peut nier. C'est bien par là encore qu'apparaît l'arbitraire des classifications doctrinales.
Pour rapprocher des peintres, on s'en tient à l'extérieur, à l'aspect, à l'accessoire, alors qu'il eut été infiniment plus éloquent de chercher les affinités très profondes entre les uns et les autres, au-delà des notions de figuration et d'abstraction.
Très curieusement d'ailleurs la très belle présentation de l'Hôtel de Sens nous apporte la preuve que des correspondances infiniment plus mystérieuses unissent en fait les artistes. Un rapprochement a été tenté entre les laines et la musique, des disques diffusant un accompagnement sonore approprié. Ce n'est certes pas la première fois que l'on agit ainsi, mais le choix des œuvres musicales souligne assez que les correspondances entre les artistes sont plus subtiles que les querelles de mots et d'écoles.
J'aime assez, par exemple, que l'on ait - pour reprendre les mots mêmes du présentateur - rapproché "le rêve vivant des funambules" de Marc Petit, son sens de l'équilibre, de l'insolite, de "l'étrange à cheval sur un silence rythmé" de la symphonie Turangalila d'Olivier Messiaen. Sans doute, en ouvrant les fenêtres de son atelier, Marc Petit pourrait-il entendre chanter les orgues de la Trinité sous les mains inspirées de Messiaen, mais le rapprochement est autre qu'un simple voisinage de hasard, et on eût probablement trouvé des laines, frappées d'interdit par l'aspect résolument figuratif de cette exposition, qui se fussent autant accordées avec la symphonie de Messiaen, et qui, par conséquent, eussent été plus proches de "l'Ambitieux" ou de "La Volige" que telle œuvre de Dom Robert pour laquelle on a choisi une autre plage de la même symphonie.
ll ne serait pas juste de donner de cette exposition une note uniquement critique, et il serait contraire à mes intentions comme à mon sentiment profond de donner à croire que cette exposition n'est qu'une rencontre artificielle.
En fait, elle comporte une leçon très simple, qui correspond je pense à la volonté didactique de ceux qui l'ont organisée. Elle nous montre comment, à la suite des grands patrons, ceux qui se sont voués totalement ou partiellement à l'art de la laine, assemblée de façon à représenter des choses ou des êtres identifiables et à habiller leurs rêves d'apparences naturelles, ont fait éclater leurs recherches.
Quels rapports entre les scènes naïves - moins naïves en fait qu'il y paraît - puisées par Ferréol dans le monde du guignol lyonnais et les violences simplifiées de Lapicque ? Quelles correspondances entre les mille fleurs de Dom Robert et les visions d'une nature transfigurée jusqu'aux limites mêmes de l'abstraction par Hilaire ?
ll serait facile de poursuivre ainsi le jeu des oppositions et des contrastes, à quoi bon ? Cela n'est noté au passage que pour insister sur la diversité et l'éclat de cette présentation d`œuvres multiples.
S'il est bien évident qu'une telle exposition de groupe n'avait rien à nous apprendre, non seulement sur Jean Lurçat, non plus que sur Picart le Doux et Marc Saint-Saëns, Dom Robert ou Lapicque, il faut inscrire à son crédit d'abord la valeur démonstrative d'une vitalité tapissière qui ne fait pas de doute pour nous mais qu'il est bon de montrer au public, et plus encore le droit de cité qu'elle a accordé à des peintres que l'on n'a que trop peu l'occasion de voir.
On aura pu ainsi mesurer l'importance de l'évolution qu'est en train d'accomplir par exemple un Simon Chaye, particulièrement sensible dans "Les Voiles", ou celle encore d'un Claude Bleynie dont "Les Fileuses de rêves" marquent une étape importante.
Par contre, on peut discuter la présence de deux tapisseries de Lucien Coutaud qui fut l'un des grands noms des débuts de la tapisserie contemporaine. Ces deux tapisseries datent en effet des années qui suivirent la guerre. Je comprends fort bien pourquoi elles ont été accrochées et le sens que l'on a donné à leur présence, mais pourquoi alors ne pas avoir montré au moins une œuvre de Gromaire dont l'œuvre tissée, pour limitée qu'elle soit en nombre et dans le temps, n'en est pas moins d'une importance primordiale à tous points de vues ? Ce qui prouve bien que quoi que l'on fasse, aussi bien qu'on le fasse, avec toute sa foi et tout son cœur, il reste toujours des lacunes ou des erreurs - imputables aux uns ou aux autres, peu importe - qui marquent la fragilité et les limites des oeuvres humaines.
Claude Bleynie - Les Fées dentellières
Les Lettres française - Janvier 1968
Tapisserie et Moyen Age
Cadre médiéval pour une présentation de quelques "aspects de la tapisserie contemporaine fugurative". L'exposition a lieu à la Bibliothèque Forney (ancien Hôtel des Archevêques de Sens.
Poutres, plafonds bas, effets sonores : un commentaire consacré à chaque artiste est suivi ou précédé d'une musique appropriée au langage pictural de son œuvre.
Quatorze peintres-cartonniers entourent Lurçat, le maître, le rénovateur de ce métier d'art promu au rang d'œuvre de chevalet. À ses côtés Jean Picart Le Doux et Marc Saint-Saëns.
Dès l'entrée, accueil fastueux du spectateur par Lurçat. Feu d'artifice, explosion colorée d'un coq de feu, de flammes : "Jubilation", symbole solaire, oiseau de l'aurore. Autres emblèmes familiers du peintre avec la "Grande Reine", les trois élements : eau, terre, air. Réverie somptueuse et surréaliste. (Musique consacrée à Lurçat : "Te Deum" de M. A. Charpentier et "le Sacre du Printemps" de Stravinsky.
Flammèches de pourpre et d'or griffant la trame. Bleus puissants, incisifs, irréels de Picart Le Doux. Un registre limité des teintes augmente leur puissance. Un bestiaire organisé géométriquement mais avec une minutie médiévale des détails : "Cortège d'Orphée". Emblématique : "Prière aux masques" : une ligne de feu traversant l'ouvrage tissé, bleus magiques, algues, poissons, étoiles.
Saint-Saëns anime personnages. animaux, objets d'un élan fougueux ou fluide et poétise le tout à l'aide de coloris délicats, assourdis. Violence dans le mouvement, rarement dans la couleur. "Oiseau du matin" : teinte surprenante mi-framboise, mi-lie-de-vin du lever de soleil. Autre féerie : le plumage du coq "Réveille-matin".
Minutie persane, "Fioretti", délire faunesque ou floral de Dom Robert. Envahissement total de l'oeuvre par les sujets. Point d'espaces inoccupés et cependant légèreté arachnéenne pour le parterre "Ombelle". Paradoxal univers sous-marin d'où est banni le vert ou le bleu au profit de l'orange, du pain brûlé du châtain : algues, corails, crabes-fleurs, poissons, "Jardin de sirènes".
Coutaud lacère ou déchiquette son angoisse. Cauchemars, chimères, personnages oniriques. Un je-ne-sais-quoi moyenâgeux dans l'organisation de l'œuvre dû aux teintes assez pâles, comme effacées par le temps et à la disposition des sujets dans la tapisserie. Remarque valable surtout pour "Calypso".
Canards sauvages de la "Baie de la Somme", mosaique heureuse et irisée de Perrot (musique : "Hymne à la joie" de Beethoven). Le faux luxe surchargé et violent du "Bouquet d'artifices" rappelle un peu le style second Empire, surtout à cause du fond noir. Ancien élève de Cassandre.
Imagerie populaire de Ferréol. Poésie de lïnnocence. "Cavaliers de l'Apocalypse", illustration fraiche et lumineuse d'un livre de contes enfantins. ("Chant du Rossignol" de Stravinsky).
Lapicque, tapisserie-vitrail et naïveté. Deux tigres et un mandarin, dignes eux aussi d'illustrer un livre de contes prennent "La route de Nagpour".
Les "voiles" de Simon Chaye frémissent, s'élancent, privilégiées par un emplacement très heureux de l'oeuvre au-dessus d'une cheminée, très près du plafond et de poutres de bois. Noces de couleurs bénéfiques à tant de quiétude et de poésie. Oiseaux fondus, confondus dans une barque "Drakkar". Lyrisme et géométrie. Fond pour un décor de théatre. Pendant 10 ans environ, assistant de J. Picart Le Doux.
Féerie et science-fiction de Marc Petit, un des plus jeunes (non le moins doué !). A travaillé avec Lurçat, "Volige" : elfe malin de la forêt- de Brocéliande ou habitant d'une autre planète ? Angoisse et surréalisme. Libellules géantes, sphères d'alchimiste.
Chez Hilaire, symphonie silvestre des coloris. Optimisme, jeux d'ombres et de lumières. Hantise solaire de Viard, ancien élève de J. Picart Le Doux, à la limite du figuratif et de l'abstrait : "Soleil noir de la nuit" et "Soleil noyé". Couleurs émouvantes de Claude Bleynie, ancien élève d'André Lhote. Surréalisme naïf de Michel Fochler (27 ans, actuellement élève de J. Picart Le Doux) Oiseaux-femmes ou femmes-oiseaux de Michele Le Beau.
Tissu transcendé. Laine devenue langage et expression. Habillage glorieux et sensuel des murs, rénové par Jean Lurçat, la tapisserie, en l'Hôtel de Sens a trouvé un cadre de choix.
Claude Bouyeure
Camille Hilaire - Lumière dans la forêt